Elle est jugée depuis fin janvier à Paris avec 35 autres prévenus dans une escroquerie à la taxe carbone. Montant : 385 millions d’euros.
Il y avait un Compiégnois dans le volet « Crépuscule », jugé l’an dernier.
Cette fois, c’est une Amiénoise qui se retrouve mêlée dans une escroquerie gigantesque : 385 millions d’euros volés au fisc français, entre 2008 et 2009, via la fraude à la TVA sur le marché des « quotas-carbone ».
Cette femme de 46 ans, qui a grandi en Picardie, fait partie des 36 personnes jugées depuis fin janvier devant le tribunal correctionnel de Paris. La taxe carbone a engendré « cette escroquerie du siècle ».
Et c’est le volet le plus important dans lequel l’Amiénoise est impliqué, celui dit des « Marseillais ». L’escroquerie est simple : des personnes créent des sociétés, qui achètent des droits à polluer hors taxe dans un pays européens. Elle les revendent en France à un tarif incluant la TVA.
Cette taxe ne sera jamais reversée à l’Etat, mais investit dans différentes sociétés dans le monde pour au final, blanchir l’argent.
L’Amiénoise a été entendue la semaine dernière par les juges. Elle a maintenu qu’elle n’était pas au courant de l’arnaque.
La justice lui reproche d’avoir profité de l’argent sale pour acheter un immeuble en Israël. Elle est également impliqué pour avoir été l’administratrice d’une société qui a servi à blanchir l’argent (cette société a perçu plus de 14 millions de dollars de la fraude). Il est question d’investissements effectués aux Etats-Unis.
La quadragénaire a soutenu qu’elle ignorait tout de l’escroquerie. Son mari est Grégory Zaoui, un grand spécialiste de l’escroquerie au CO2, déjà condamné pour cela par le passé.
La prévenue soutient qu’elle n’a fait que répondre à des demandes, sans avoir cherché à savoir d’où venait les fonds. « J’étais amoureuse. Grégory Zaoui ne me disait que ce qu’il avait envie de dire », a-t-elle déposé à la barre. Celle qui se présente désormais comme journaliste, mère de quatre enfants, et meilleure amie d’une ancienne mannequin vedette de France, a été mise en examen en février 2016, et placée en détention provisoire durant un peu plus d’un mois.
Ses avocats, Mes Pascal Bibard et Stéphane Diboundje vont plaider la relaxe.
Pour eux, leur cliente « n’a jamais eu l’intention de participer à un quelconque blanchiment en bande organisée d’escroqueries ». Dans cette affaire, une Marseillaise de 59 ans, tenancière d’un piano-bar, est présentée comme la tête du réseau. Elle s’en défend, même si elle reconnaît une participation, et avoir bénéficié d’un « peu moins de 10 millions d’euros » : « J’en ai profité, j’en ai fait profiter ma famille. Rien d’extraordinaire. »
GAUTIER LECARDONNEL