Un père retrouve sa fille, neuf ans après l’enlèvement
En regardant sa fille, Maxime Gharbi a les yeux qui brillent d’émotion, qui pétillent de bonheur et qui s’étonnent encore de ce qui vient de se produire. Mercredi matin, ce papa s’est réveillé d’un long, d’un très long cauchemar. De celui qui bouleverse complètement votre vie pour vous plonger dans l’obscurité la plus totale. Il a commencé il y a neuf ans lorsque, du jour au lendemain, cet Amiénois de 43 ans a perdu ce qui comptait le plus à ses yeux : Myriam et Alexandre, ses deux enfants alors âgés de 6 et 5 ans.
«J’ai retrouvé mon père sur Facebook. Ce n’était pas simple car ma mère surveillait toutes les conversations» Myriam Gharbi
« Là, j’ai eu du mal à retrouver le courage de continuer mais Me Diboundje m’a poussé. »
Mais il fallait encore réussir à récupérer les enfants. « Et la Tunisie refusait d’exécuter le jugement français qui m’en donnait la garde. » Le papa a repris espoir en 2013 lorsque sa fille, alors âgée de 11 ans, a eu accès aux réseaux sociaux. « J’ai retrouvé mon père sur Facebook. Ce n’était pas simple car ma mère surveillait toutes mes conversations. Dès qu’elle avait le dos tourné, j’en profitais pour discuter avec mon père. Et dès que notre conversation était terminée je devais tout supprimer », raconte Myriam qui peine à réaliser. Et puis, au début de l’année, l’adolescente a pris sa décision : quitter le pays pour retrouver son père. Elle est entrée en conflit avec sa mère qui « a alors décidé de la faire interner durant quinze jours pour rébellion », lance son père scandalisé. Mais l’adolescente a persisté. Elle a refusé de suivre sa mère qui déménageait de Tunis et a fugué alors qu’elle avait été confiée à ses grands-parents maternels.
Le frère de Myriam ne souhaite pas rejoindre son père
Elle s’est rendue à l’ambassade de France et a demandé refuge. « Et mes parents sont allés la chercher car moi, je ne peux pas me rendre en Tunisie. Mon ex-femme y a lancé une procédure contre moi pour abandon d’enfant. Un comble ! » Et puis ce mercredi, « après neuf ans, un mois et un jour », elle est revenue. Son avion a atterri à Roissy. « En l’attendant, j’étais comme un enfant devant un immense magasin de jouets prêt à ouvrir. Je trépignais. » Et puis tout à coup, après toutes ces années, Maxime Gharbi est devenu l’homme le plus heureux du monde.
« La seule chose qui puisse me faire plus plaisir c’est qu’Alexandre soit là aussi. » Pour l’heure, le garçon n’a pas souhaité rejoindre son père. « Mais j’espère de tout mon cœur qu’il vienne me voir. Maintenant il est grand, il a le droit de choisir. » Myriam, elle, a décidé de changer de vie. Elle va vivre avec son père qui réside aujourd’hui à Paris. Une montagne de paperasse mais surtout de bons moments les attendent désormais. Ils ont tant d’années à rattraper.
JEANNE DEMILLY