Trois participants présumés aux affrontements entre jeunes et forces de l’ordre, dans la nuit de lundi à mardi dans les quartiers nord d’Amiens, devaient comparaître vendredi après-midi devant la justice, alors qu’aucun incident n’a eu lieu pour la troisième nuit consécutive.
Ces trois hommes, interpellés dans la nuit de mercredi à jeudi pour leur « lien direct » avec les heurts de lundi soir, sont poursuivis pour « provocation directe à l’attroupement armé » et « rébellion suivie d’effets » pour l’un d’entre eux, et « destruction volontaire par moyens dangereux » pour les deux autres.
Le premier, un homme de 27 ans, est accusé d’avoir appelé les jeunes du quartier à la violence dimanche soir, lors d’une cérémonie d’hommage à un jeune décédé quelques jours plus tôt. Il a été reconnu par un policier alors qu’il se présentait au commissariat dans le cadre de son contrôle judiciaire dans une autre affaire.
Les deux autres prévenus, âgés d’une vingtaine d’années, ont quant à eux admis en garde à vue avoir allumé cinq ou six feux la nuit des affrontements, qui avaient fait 17 blessés parmi les forces de l’ordre et des millions d’euros de dégâts, avec notamment trois bâtiments publics incendiés.
Le procureur adjoint d’Amiens a précisé qu’ils ne faisaient pas partie des meneurs du mouvement, qui étaient toujours activement recherchés.
Vendredi midi, les avocats des prévenus ont indiqué qu’ils refusaient que leurs clients soient considérés comme des boucs-émissaires, et dénoncé la « pression médiatique ».
« Mes clients ne voudraient pas être jugés en fonction du contexte et de la pression médiatiques qu’on a mis sur cette affaire », a déclaré devant le tribunal correctionnel d’Amiens Me Guillaume Demarcq, qui défend deux des prévenus.
L’avocat du jeune de 27 ans, qui continue de nier les faits qui lui sont reprochés, et d’un des incendiaires présumés, a annoncé qu’il allait demander le report de l’audience, estimant qu' »aujourd’hui, ils n’auront pas l’impression d’avoir une justice équitable ».
En cas de renvoi, une nouvelle audience sera fixée dans un délai maximum de 10 jours. La décision d’un éventuel placement en détention provisoire des prévenus sera de toute façon prise ce vendredi.
Me Stéphane Diboundje, qui défend l’autre jeune accusé d’avoir mis le feu à des poubelles, a quant à lui réclamé que son client soit jugé « uniquement pour ce qu’il a fait ».
Les deux autres personnes interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi, dont le lien avec les émeutes apparaît « plus à la marge » selon le procureur adjoint, seront jugées ultérieurement.
Le quartier d’Amiens-Nord semblait avoir retrouvé le calme vendredi matin, après une troisième nuit consécutive sans incident majeur.
« Il n’y a rien eu à signaler cette nuit. Aucun incident majeur, aucun fait de violence urbaine n’a été à déplorer, et il n’y a eu aucune nouvelle interpellation en lien avec l’affaire », a déclaré la préfecture de la Somme vendredi matin.
Seuls un feu de véhicule léger, deux feux de poubelles et un léger incident lors d’un contrôle d’identité ont été signalés au cours de la nuit, alors qu’une vingtaine de cars de CRS et plusieurs patrouilles ont continué de circuler dans les rues où s’étaient déroulés les affrontements.
Les policiers ont par ailleurs procédé à quelques interpellations, principalement pour des conduites en état d’ébriété, sans lien avec les émeutes du début de semaine.
Un effectif renforcé de 250 policiers reste toujours maintenu jusqu’à nouvel ordre dans le quartier d’Amiens-Nord.