L’ex-femme de Maxime Gharbi est partie en Tunisie avec ses enfants. Après cinq ans de procédures, il en a obtenu la garde mais ne parvient pas à faire appliquer la décision.

La dernière fois que Maxime Gharbi a vu ses deux enfants, c’était en avril 2012. Caché dans une voiture, il les a vus à la sortie de leur école, en Tunisie. Le père est allé à leur rencontre, et tous trois ont juste eu le temps de s’embrasser. Car à ce moment, raconte Maxime, « trois hommes me sont tombés dessus, m’ont emmené à l’écart et m’ont tabassé ».

Le cauchemar de cet Amiénois de 39 ans dure depuis l’été 2008. Cette année-là, alors qu’il est à la tête d’une société de courtage et que la crise bat son plein, il renonce à partir en vacances avec sa famille. Il achète des billets aller-retour vers la Tunisie pour sa femme et ses deux enfants, Myriam et Alexandre, âgés de 5 et 6 ans. Tout les trois doivent loger dans la famille tunisienne de sa compagne.

Le 1 er juillet, la mère et ses enfants prennent l’avion. « 2 h 30 plus tard, j’ai téléphoné pour savoir s’ils étaient bien arrivés. Personne ne me répondait. Cela a duré deux jours. » Maxime demande alors à un ami d’aller se renseigner sur place. « Il m’a rappelé en me disant qu’il avait vu mon beau-père, qui lui avait demandé de me transmettre ce message : « Oublie que tu as une femme et des enfants« . » Le début de l’effroi.

« Comme il n’y avait plus de vol, j’ai pris ma voiture, je suis descendu à Marseille et j’ai pris le bateau. » Arrivé en Tunisie, il ne localise pas ses enfants. Mais il apprend que son épouse a demandé le divorce pour « faute grave ». Un juge lui octroie trois jours pour voir ses enfants.

Maxime Gharbi retrouve Myriam et Alexandre, mais l’instant de bonheur vire à l’horreur. « Mon fils me dit qu’il ne veut pas retourner chez tata, il m’explique avec ses mots qu’il a été agressé sexuellement par un membre de la famille de mon ex-femme », explique le père.

« Il s’agit d’un enlèvement »

Il veut déposer plainte à la brigade des mineurs. « On me dit que ce n’est pas possible, qu’il faut un certificat médical et que les faits ont eu lieu depuis plus d’une semaine. »

Sitôt rentré en France, en août 2012, l’Amiénois dépose plainte pour viols à la brigade des mineurs. Il doit attendre trois ans pour que sa demande de divorce soit examinée par les autorités françaises.

À la mi-2010, c’est fait. Le divorce est prononcé aux torts de l’épouse, mais elle obtient la garde des enfants. « Ils n’ont pas compris qu’il s’agissait d’un enlèvement. »

En 2011, il retourne en Tunisie. Il a bien préparé les choses, fait appel à un pédopsychiatre, pour examiner ses enfants, et à un expert judiciaire. Il obtient un droit de garde de 10 jours, et fait intervenir la force publique pour la faire respecter. Au médecin, le garçon racontera de nouveau l’agression sexuelle. Sa sœur dira aussi qu’elle a été témoin de la scène. Maxime Gharbi apprendra que la mère était au courant, « et elle n’a rien fait ».

Nouveau retour en France. L’Amiénois a fait appel du jugement sur le divorce. Cette fois, la justice française lui octroie la garde de ses enfants. En janvier 2013, il croit à la fin du cauchemar quand il sait que cette décision est définitive. Mais il se trompe.

Son ex-épouse, qui a pour avocat Abdel Fatah Mourou, vice-président de Tunisie, avait déposé plainte pour… abandon d’enfants. Dès qu’il pose le pied dans ce pays, en février 2013, il est arrêté. Il lui faudra dépenser quelque 25 000 € pour se sortir de cette procédure judiciaire. « Avec cet avocat, mon problème est que la justice tunisienne ne fait rien. Mes dossiers disparaissent du tribunal. »

Aujourd’hui, Maxime Gharbi est à bout. « J’ai frappé à toutes les portes, j’ai même alerté les politiques. Je ne sais plus quoi faire. Mes enfants sont en danger. C’est un feu qui me ronge. Il n’y a que ma mort qui pourra m’arrêter dans ce combat » En octobre 2013, l’Amiénois a déposé plainte auprès du procureur de la République d’Amiens pour enlèvement d’enfants. Son avocat, M e Stéphane Diboundje, compte sur cette plainte pour que les autorités fassent avancer les choses. « Il existe une convention bilatérale entre les deux pays, il est anormal que l’on ne puisse pas mettre à exécution une décision de justice. » Le 17 janvier, Maxime Ghabi a reçu des menaces de mort.
GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard