Quinze prévenus, dont certains mineurs au moment des faits, sont jugés à partir de lundi 12 mai pour les violences urbaines commises à Amiens-Nord en août 2012.
La plupart sont poursuivis pour dégradations de bâtiments et violences sur les forces de l’ordre, les accusations de tentatives d’assassinat sur les policiers n’ayant pas abouti.
Vingt et un mois d’enquête et des dossiers « qui font pschitt », selon un avocat de la défense : le procès des émeutes d’Amiens-Nord, qui avaient fait 17 blessés parmi les policiers en août 2012, dont certains par armes à feux, s’ouvre ce lundi.
Il se déroulera en trois temps, en fonction de l’âge des quinze prévenus – certains étaient mineurs au moment des faits – et des charges retenues contre eux.
Accident de moto
À l’origine de ces émeutes dans un quartier du nord d’Amiens, aujourd’hui classé en « zone de sécurité prioritaire » (ZSP), la mort d’un jeune homme dans un accident de scooter. Trois jours après, une « marche de la colère » avait été organisée pour dénoncer la présence policière jugée disproportionnée.
Les violences avaient finalement explosé dans la soirée, après un contrôle de police mouvementé, effectué à proximité d’une cérémonie d’hommage au jeune homme.
Tirs par arme à feu
Plusieurs bâtiments publics avaient été incendiés, dont une école maternelle et une salle de musculation, provoquant des millions d’euros de dégâts. Des policiers avaient été la cible de tirs par arme à feu, créant une vive émotion dans l’opinion et au sommet de l’État.
Mais l’enquête, ouverte pour « tentative d’assassinat » et donc passible de la Cour d’assises, n’a pas permis d’identifier les tireurs. Six personnes seront bien jugées dans ce cadre, les 5 et 6 juin, mais seulement en correctionnelle et pour complicité ou dissimulation de preuves.
Le procès des mineurs
D’ici là, le premier procès s’ouvrira ce lundi à huis clos, devant le tribunal des enfants. Cinq jeunes hommes, aujourd’hui âgés de 16 à 19 ans mais tous mineurs au moment des faits, seront jugés pour dégradations, incendies et violences volontaires sur les forces de l’ordre. « Le but de l’instruction, c’était de trouver les meneurs, ceux à l’origine des guets-apens et qui avaient les armes en main, a expliqué un des avocats de la défense. L’instruction n’a permis d’identifier que quelques sous-fifres, mais pas les principaux auteurs. »
Parmi les mis en cause, le frère cadet du jeune mort dans l’accident de moto, qui avait revendiqué sa participation aux émeutes dans un reportage télévisé. « Si on trouve quelqu’un avec des cocktails Molotov dans les mains, on condamne, mais est-ce qu’on peut raisonnablement condamner quelqu’un qui se vante de quelque chose ? », a estimé son avocat interrogé par l’AFP. Il a dit craindre « de lourdes condamnations », seulement dues à la médiatisation de l’affaire.
Les majeurs poursuivis
En fin de semaine, se tiendra le procès de six autres émeutiers présumés, majeurs au moment des faits. Ils sont eux aussi poursuivis pour les dégradations. Selon leurs avocats, les dossiers d’accusation ne sont guère solides, reposant plus souvent sur des témoignages que sur des preuves matérielles.
Source La Croix