L’homme de 52 ans sera jugé à Strasbourg pour des viols sur des petites filles, dont ses deux enfants. L’une d’elle habite désormais dans la Somme.
Une habitante de la Somme, âgée de 22 ans, sera sur le banc des victimes du 22 au 26 septembre prochain devant la cour d’assises de Strasbourg. La jeune femme va assister au procès de son père. Cet homme, âgé de 52 ans, est accusé de nombreux viols commis sur des enfants, dont ses deux filles. Il présente le profil d’un dangereux pédophile agissant en prédateur.
La traumatisante histoire de Virginie (le prénom a été changé, NDLR) n’aurait peut-être jamais refait surface si la police allemande ne s’était pas intéressée à un suspect d’outre-Rhin, en janvier 2012. Dans son ordinateur, ils ont retrouvé des photos et vidéos de Roger O. en train de violer une fillette, accompagné d’un autre homme. Ces faits sont commis alors que la victime est âgée de 9 ans au début des faits, jusqu’à ses 15 ans. La jeune femme est identifiée, tout comme le deuxième homme qui s’avère être son père.
Il filmait et diffusait les viols
Roger O., qui à l’époque habite Wisches (Bas-Rhin), se sait recherché. Il prend alors la fuite. Les enquêteurs finiront par le localiser et l’interpeller à Pavant, dans l’Aisne, où il s’était réfugié chez un ami.
Le quinquagénaire n’a pu qu’avouer les faits. Parce qu’à son domicile, les gendarmes ont trouvé des preuves accablantes. L’homme prenait plaisir à se filmer avec les enfants. Au total, 292 vidéos et 309 photos ont été versées au dossier. Durant l’instruction, les enquêteurs ont découvert l’horreur. Roger O. ne se contentait pas d’abuser de sa première, puis de sa deuxième fille. Il faisait profiter de la seconde à d’autres hommes.
À plusieurs reprises, il a emmené la cadette chez le suspect. Elle devait « être gentille » avec lui, a-t-il dit. Et pour cause : le quinquagénaire, ainsi que ses filles, recevait de l’argent de cet individu d’outre-Manche. Les gendarmes ont également identifié un militaire résidant en région parisienne. Sur internet, il a échangé de nombreux fichiers pédopornographiques avec le père de famille. Il a assisté, via une webcam, à des viols. Il demandait même à l’agresseur de pratiquer tel ou tel acte sexuel pour assouvir ses pulsions (il sera jugé également en septembre).
Les deux enfants du pédophile présumé ne seront pas les seules sur le banc des parties civiles dans quelques jours. Trois autres petites filles, âgées à l’époque de 3, 6 et 10 ans, ont subi ses déviances sexuelles. Ce sont les enfants d’une femme avec laquelle il s’était mis en ménage. Avec cette concubine, il n’a jamais eu de rapport sexuel, prétextant un problème de prostate… Elles aussi ont été filmées en plein viol. Les faits, insoutenables, avaient quelques fois lieu en présence de plusieurs enfants desquels Roger O. exigeait telle ou telle chose. Face aux enquêteurs, le quinquagénaire a expliqué ne pas comprendre où était le problème. Tout ce petit monde était consentant, même demandeur, à ses yeux. « Je n’ai forcé personne. J’ai joué carte sur table avec tout le monde, à savoir que je leur ai dit que ce qu’on faisait était interdit, et qu’elles ne devraient pas en parler. Je leur ai dit que si elles ne voulaient pas faire quoi que ce soit, il suffisait d’en parler. »
« En avance sur son âge »
L’homme s’est séparé de sa femme en 2009. Sans emploi, il avait la garde de ses trois enfants, dont la mère se souciait très peu. Seul avec les gosses, il a expliqué que la cadette s’était substituée à sa femme, en 2008 ou 2009. Puis, l’enfant grandissant, il s’est trouvé une autre « petite femme » en la personne de la fille d’une concubine, âgée de 10. « Elle est très en avance sur son âge », a-t-il osé.
Virginie, elle, a quitté ce foyer en 2010. Elle vit dans le Santerre. Aux enquêteurs, elle a expliqué avoir été violée à plusieurs reprises par son père quand elle n’avait pas encore 12 ans. Elle habitait dans l’Aisne avec ses parents à cette époque. « Elle avait préféré oublier tout cela, explique Me Pascal Bibard, qui assure sa défense avec Me Stéphane Diboundje. Selon l’avocat, cette jeune femme a énormément de difficultés à parler de ce qu’elle a vécu.
À Strasbourg, dans quelques jours, la jeune Samarienne va devoir se replonger dans cette partie affreuse de son enfance.
Source Le Courrier Picard