FAITS DIVERS

L’ancien directeur de l’IUT d’Amiens: «Je me suis engagé à rembourser»

Accusé d’abus de confiance au préjudice d’une association pédagogique pour un montant de 270 000 euros, Christophe D. se défend en attendant son procès le 28 avril.Réagir Mis en ligne le 6/12/2021 à 18:28 

par Gautier Lecardonnel«On n’a rien à me reprocher sur mon métier d’enseignant», insiste le Samarien.«On n’a rien à me reprocher sur mon métier d’enseignant», insiste le Samarien. – (Photo Manon CRUZ)

Moins d’une semaine après sa sortie de garde à vue, Christophe D., 44 ans, ne fuit pas ses responsabilités. Au côté de son avocat, Me  Stéphane Diboundje, l’ancien directeur de l’IUT d’Amiens (de juin 2019 à décembre 2020) s’explique avant son procès prévu fin avril. Il répondra d’abus de confiance, de faux et usage de faux et de blanchiment de fraude fiscale, au préjudice de la Centrale pédagogique des IUT, association dont il était directeur.

Vous témoignez aujourd’hui, parce qu’il était important pour vous de clarifier des choses…

Oui, je tiens à souligner que cela fait 20 ans que je suis enseignant, j’ai travaillé dans différents établissements, et on n’a rien à me reprocher sur mon métier. J’ai été directeur de l’IUT d’Amiens, et l’on n’a rien à me reprocher sur la fonction que j’ai exercée pendant un an et demi. J’ai été en garde à vue mais uniquement dans le cadre des fonctions que j’exerçais à la direction de l’association, entre 2018 et 2020.

Confirmez-vous avoir reconnu les faits ?

Oui, je les ai reconnus. Si l’association a été lésée, je me suis engagé à rembourser les sommes qui ne m’étaient pas dues. Pour autant, ça correspond à une mission, des activités, ou des travaux que j’ai effectués.

De quels travaux s’agit-il ?

Il y avait tout d’abord un rôle de gestion du fonctionnement de l’association pour lequel je recevais une indemnité. En plus de ça, j’ai réalisé beaucoup d’autres choses, comme la correction d’études de cas, de supports pédagogiques, des rencontres avec des développeurs de simulateurs de gestion pour les faire référencer, l’organisation et l’identification de thème de formation, la recherche d’intervenants, etc.

Il est question de 270 000 euros, une somme très importante…

Bien sûr, je ne le nie pas. Je ne remettrai pas en cause ce que j’ai dit devant les services de police.

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Mais vous saviez que vous n’étiez pas dans les clous ?

Non, pour la simple et bonne raison que dans la continuité de mon prédécesseur, il s’est avéré que j’ai fait peut-être des choses qui allaient au-delà de mes attributions.

Les comptes ont fondu, vous ne pouviez pas l’ignorer ?

Ça, c’est la réalité. Mais le modèle économique, depuis des années, est remis en question. Il a toujours posé question, et il a fait l’objet de nombreux échanges lors des conseils d’administration sur la viabilité du modèle actuel, fondé simplement sur de l’adhésion et l’organisation parfois de séminaires qui ont un coût.

Vous êtes professeur de gestion et d’économie, et vous êtes impliqué dans ce type d’affaires. Comprenez-vous que cela heurte ?

Tout à fait. Je ne vais pas vous dire que je n’ai aucune compétence en termes de gestion, en gestion comptable ou financière, on est bien d’accord. Mais je précise que je suis spécialisé en économie-gestion, option marketing, marketing international. Je ne suis pas prof de comptabilité, je suis avant tout enseignant en marketing.

Avez-vous repris vos cours d’enseignement ?

J’étais devant mes élèves dès vendredi, au lendemain de ma garde à vue. Et cela a été très difficile. Des collègues jouent le jeu en tempérant, etc., mais c’est difficile. C’est un peu l’histoire de la vie, avec des gens qui veulent ma tête, d’autres qui veulent ma place, et puis d’autres qui sont là. Nous sommes sur des postes qui sont très politiques, et sans vouloir nier les faits qui me sont reprochés, l’organisation de l’association n’est pas aussi transparente que ça. Aujourd’hui, il n’y a que moi. Mais il y a un président du conseil d’administration, un trésorier, etc. J’ai vécu ça comme une cabale, une véritable cabale (…) Je ne veux pas remettre en cause mes fautes, mais je pense que l’histoire est beaucoup plus complexe que ça.

Craignez-vous de perdre votre métier ?

Je suis fonctionnaire, donc potentiellement, ce n’est pas sans risque.

Source courrier picard :https://premium.courrier-picard.fr/id257549/article/2021-12-06/lancien-directeur-de-liut-damiens-je-me-suis-engage-rembourser