JUSTICE
La vente d’amortisseurs s’était terminée par trois tirs de revolver à Saint-Riquier
par Gautier Lecardonnel
Moins d’un an après, le juge d’instruction vient de rendre sa décision : il renvoie Jean-Claude D., 48 ans, devant la cour d’assises de la Somme pour tentative de meurtre. Le magistrat a suivi les réquisitions du procureur de la République d’Amiens, y compris pour le fils du suspect, Jérémy D., renvoyé pour complicité de tentative de meurtre. Ce dernier avait 17 ans au moment des faits, si bien que le procès, dont la date n’est pas encore fixée, devrait se tenir devant la cour d’assises des mineurs.
Jean-Claude D. est toujours en détention provisoire. Selon son avocat, Me Marc Blondet, il continue de clamer qu’il n’avait « aucune intention de tuer quiconque, mais uniquement de faire partir les deux personnes de son domicile » ce jour-là. C’est désormais les jurés qu’il devra convaincre.
Les faits ont eu lieu dans la nuit du 28 au 29 janvier 2019 dans un logement situé au 8, rue de la gare à Saint-Riquier, près d’Abbeville, chez le principal suspect. Les deux victimes, 29 et 47 ans, étaient venues de Flixecourt pour vendre des amortisseurs de voitures sans permis. C’était entre midi et deux. La vente à 30 euros s’est conclue autour d’un premier verre de whisky. Une fois la bouteille terminée, elle s’était poursuivie à la bière l’après-midi. Le whisky avait fait son retour en fin de journée, jusqu’à ce que la situation s’envenime, vers 1 heure, dans la nuit.
La victime a notamment été touchée au visage et au dos
Pour une raison inconnue, les motifs divergent mais restent futiles, une altercation éclate. Le suspect se saisit de son revolver 22 long rifle, et il tire à trois reprises sur une victime : la première balle est tirée à l’étage, la deuxième et la troisième dans la salle à manger. L’homme touché est gravement blessé au visage et au dos notamment. La deuxième victime est surtout choquée.
Lors de l’instruction, Jean-Claude D. a déclaré qu’il cherchait uniquement à ce que les deux hommes quittent son logement. Mais ces derniers n’ont pas la même version, expliquant avoir cherché à s’enfuir aussitôt après que l’arme ait été sortie. Le quadragénaire a soutenu qu’il ne savait pas que son arme était chargée, puis qu’il la croyait chargée à blanc ou encore que les coups étaient partis tout seul. Mais pour le juge d’instruction, le fait qu’il recharge le revolver en balle après chacun de ses tirs, que le sang de la victime était bien visible, ou encore le fait qu’il ait dit « je vais te tuer » à plusieurs reprises, démontrent bien l’intention d’homicide.
Quant au fils du tireur présumé, il ne conteste pas avoir donné une munition à son père la nuit des faits. Mais selon son avocat, Me Stéphane Diboundje, il ne pouvait pas faire autrement : « Il était dans un état de contrainte psychologique ».
GAUTIER LECARDONNEL