La mort du bébé restera inexpliquée
AMIENS Adryanno n’avait pas encore deux mois quand il est décédé à l’hôpital d’Amiens le 25 juillet 2014. Le bébé a succombé à un hématome sous-dural, probablement causé par un secouement violent. Quatre ans après les faits, le dossier est clos. On ne saura pas qui est à l’origine du décès, et comment les faits se sont déroulés. Le juge d’instruction chargé de l’affaire vient en effet de rendre un non-lieu permettant aux parents du bébé de six semaines d’échapper à un procès devant la cour d’assises.
Les parents, en conflit depuis les faits, ont toujours nié leur implication dans cette affaire. Pour autant, les expertises médicales ont permis d’établir que le nourrisson « a été victime d’au moins trois épisodes de secouements violents. »
Au cours de l’instruction, les parents ont indiqué que le bébé s’est senti mal après avoir bu son biberon. Le père a soutenu qu’il était possible qu’il ait cogné le cosy dans les escaliers quand il a emmené son fils auprès des secours. Mais les experts ont conclu que ce scénario n’était pas compatible avec les blessures d’Adryanno. La mère, assistée de Me Houria Zanovello, a chargé son ancien concubin, soutenant avoir assisté à des scènes de violences, dont elle aussi était victime. Reste que le discours de la jeune femme, limitée intellectuellement, n’a pas convaincu le juge d’instruction, des membres de sa famille ayant notamment soulevé sa tendance à mentir.
Pas de témoins
Le magistrat souligne que les faits, qui se sont déroulés dan un appartement de la rue Henri IV, dans le centre-ville d’Amiens, se sont produits sans aucun témoin « hors les deux membres du couple ». À l’issue de l’enquête, le parquet d’Amiens avait requis le renvoi des parents en justice. Mais le magistrat instructeur estime de son côté que le dossier ne contient pas suffisamment d’éléments à charge pour poursuivre les parents, âgés de 27 et 24 ans.
Le père de l’enfant, que nous avons rencontré en 2016 a passé plusieurs mois en détention provisoire. « Je veux savoir de quoi mon fils est décédé », nous disait-il. L’homme ne le saura jamais, mais il échappe à un procès : « Cela fait quatre ans que nous nous battons pour prouver l’innocence de cet homme, qui a toujours soutenu ne pas être responsable de la mort de son nourrisson. Mon client est satisfait de ne pas comparaître aux assises pour un crime qu’il n’a pas commis », se félicite son avocat, Me Stéphane Diboundje.