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Je veux vous parler d’une figure emblématique du Barreau
Qui a la main sur le cœur et le verbe haut
C’est une pénaliste jusqu’au plus profond de son âme
Une humaniste tout feu tout flamme
Une avocate qui refuse le conformisme en plaidant avec ses tripes et ses états d’âme
Bref, une grande dame
Défenseur avec talent de la veuve et de l’assassin
Elle a arpenté les Cours d’Assises avec une devise qui aurait pu être :
« Défendez les tous, la Cour d’Assises reconnaîtra les siens ! »
Epris de justice face à tous ces repris de justice
Elle a compris qu’un pénaliste digne de ce nom se doit de défendre aussi bien Abel que Caïn
C’est une avocate respectable et respectée
Parce qu’elle a une foi en l’avocature qui est inébranlable
Tout en conservant un respect envers la magistrature qui est inégalé
Je suis venu saluer l’artiste des prétoires qui a choisi de tirer sa révérence : Me Dominique CARON
Chère Dominique, tu ne connaîtras sans doute jamais le bonheur en tant qu’avocat
D’assister un jour peut être aux interrogatoires des gardés à vue
Mais console toi en te disant que ce soir sont à tes cotés
Bon nombre de ceux que tu as, dans l’exercice de ta profession, un jour ému
Je voulais vous dire avec beaucoup de respect Madame CARON
Que désormais la relève s’évertuera à marcher dans votre sillon
Parce que vous êtes n’ayons pas peur des mots
Ce qu’il convient d’appeler un ténor du Barreau
Je terminerai par 2 anecdotes :
Un soir de permanence de garde à vue de nuit
Je suis appelé par le commissariat central
Pour m’entretenir avec un gardé à vue
Qui avait pour avocat habituel Me Dominique CARON
Je me présente devant le chef de poste à 3h 30 du matin
Le gardé à vue sort de sa geôle, me salue
Puis se retourne vers le policier en lui disant : « mais lui c’est pas Dominique CARON ! »
Le chef de poste lui explique tant bien que mal qu’à 3 h30 du matin
La ligne fixe du cabinet de Me CARON ne répond plus
Et qu’il faut sans faire d’esclandre se contenter de l’avocat de permanence
Le gardé à vue me regarde à nouveau puis se retourne vers le policier et lui dit :
« moi je veux Dominique CARON et personne d’autre » et il est retourné dans sa geôle
Le soir de la rentrée solennelle du Barreau et plus précisément lors du repas qui a suivi
J’avais à ma table une jeune et brillante avocate
Qui répond au doux prénom d’Agathe
Je lui ai demandé quel était son idole dans la profession
Elle m’a répondu sans aucune hésitation
Ce n’est personne d’autre que Dominique CARON.
Me Stéphane DIBOUNDJE
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A la place du parquet qui est inhabituellement la mienne ce soir, il est bien entendu que si ma plume est serve, ma parole, elle, sera libre.
Il y a quelques décennies Albert NAUD dont il a été fait l’éloge tout à l’heure avait été commis d’office pour défendre LAVAL (le maître d’oeuvre de la politique de collaboration d’état avec l’Allemagne nazie).
Mais Maître NAUD avait demandé très vite à être relevé de sa désignation parce qu’il estimait que LAVAL était condamné d’avance par une justice qu’il considérait être aux ordres du pouvoir politique.
Il y a quelques années un ministre de l’intérieur très ambitieux s’était écrié, ce jour de juillet 2003 où les hommes du RAID avaient mis fin à la cavale d’Yvan COLONNA, que l’ont venait d’arrêter ni plus ni moins que l’assassin du Préfet ERIGNAC alors même que Colonna n’avait pas été jugé.
Il y a quelques semaines cet ambitieux ministre devenu Président présentait devant la presse à l’occasion du procès clearstream des personnes renvoyées devant le tribunal correctionnel comme des coupables avant même qu’elles ne soient jugées!
Il y a quelques jours les hommes du RAID, décidément très efficace, ont interpellé Jean-Pierre TREIBER et certains journalistes se sont empressés d’indiquer que « l’assassin présumé » de Géraldine GIRAUD et de katia LHERBIER venait d’être présenté au magistrat instructeur puis incarcéré à FLEURY-MEROGIS
A travers ces 4 exemples, pris pourtant à des époques différentes, vous comprendrez que l’on peut légitimement se poser la question de savoir si la présomption d’innocence a encore un sens.
Avant de répondre à cette question il convient tout d’abord de définir ce qu’est la présomption d’innocence.
On la définit communément comme le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement et définitivement établie.
Mais en pleine rentrée solennelle du Barreau et au risque de faire grincer des dents dans ce que d’aucuns appellent le microcosme judiciaire, je compare, moi, la présomption d’innocence à une vielle dame.
Alors une vielle dame certes emprunt de principe et de bon sens mais qui ces dernières années serait un peu trop fatiguée pour gravir les marches des palais et atteindre les tribunaux correctionnels.
A ce stade de mon allocution et avec le degré d’insolence que je m’autorise, je ne vous parle même pas de l’effort supplémentaire que cette vielle dame aurait à faire à AMIENS pour monter jusqu’à la Cour.
C’est la raison pour laquelle en cette rentrée solennelle du Barreau je fais le voeu qu’avec l’ascenseur
en verre dont entend se doter le palais de justice cette vielle dame puisse accéder plus rapidement et plus facilement aux salles d’audience afin de tenir en toutes circonstances la place qui doit être la sienne parce que la présomption d’innocence est un droit fondamental dont on ne doit jamais faire l’économie.
Je me suis d’ailleurs livré à un exercice de style qui consistait à demander simultanément à 3 personnes de me donner leur définition de la présomption d’innocence.
Un étudiant en droit qui se destinait à l’avocature a répondu : « la présomption d’innocence c’est ce dont aurait aimé bénéficier Christian RANUCCI ».
Un étudiant en droit qui souhaitait faire carrière dans la magistrature à mon avis du côté du parquet lui a rétorqué : « la présomption d’innocence est un concept inventé par les avocats pour pallier leur carence à prouver l’innocence de leur client ».
la 3e personne était un justiciable qui a regardé d’un air grave les 2 étudiants et qui m’a répondu complètement interloqué: « mais Maître, la présomption d’innocence, cà existe encore çà ? ».
Je lui ai répondu vous avez raison jeune homme la présomption d’innocence n’a plus de sens!
Mesdames, Messieurs, après avoir signé une décharge et négocié mon immunité auprès du Bâtonnier DELARUE pour les propos que je vais tenir en séance publique, qu’il me soit permis de vous dire ceci, et si il y a des avocats, des magistrats, des députés, des journalistes ou même des policiers dans cette salle eh bien qu’ils se bouchent les oreilles cela ne dure que 5 minutes :
en tant qu’avocat et secrétaire de la conférence
j’affirme haut et fort qu’à l’heure actuelle en France
l’on bafoue parfois les droits de la défense
en enquête préliminaire ou de flagrance
à l’instruction comme à l’audience
en cause d’appel comme en première instance
et dans ces cas là je le dis comme je le pense
la présomption d’innocence n’a plus de sens
le problème c’est que c’est toujours le justiciable qui en subit les conséquences
les magistrats qui craignent pour leur indépendance
et les avocats qui organisent la résistance
le sujet, vous l’aurez compris, est de la plus haute importance
car je vous parle d’un droit fondamental sur le point de tomber en déshérence
demandez au président de la république, avocat de formation et 1er magistrat de France
de cette présomption ce qu’il en pense
aux acquittés d’OUTREAU si cette présomption ne joue pas que par intermittence
au Maire de SENLIS s’il considère qu’après sa mise en examen il a encore une chance
à Charles PASQUA si le seul moyen pour lui de se défendre n’est pas de lever le secret-défense
et à basile BOLI s’il a digéré sa garde à vue pour abus de confiance
pardonnez moi si ce soir je privilégie l’insolence à la déférence
mais la présomption d’innocence doit être rétablie dans nos tribunaux si l’on veut encore en la justice avoir confiance
même l’évasion de Jean-Pierre TREIBER, sur le sentiment de sa culpabilité,doit appeler à la plus grande prudence
il serait de bon ton que les journalistes en prennent conscience
à cet égard j’aurai aimé au moins pour la circonstance
que Christophe HONDELATTE rebaptise son émission « faites entrer le présumé innocent », avouez que cela aurait un peu plus d’élégance
le souhait de BONAPARTE était de couper la langue aux avocats de toute évidence
mais en tant qu’avocat et secrétaire de la conférence
je récidive: la présomption d’innocence n’a plus de sens!
désormais passible de la peine plancher pour mon impertinence
je continue en vous rappelant que déjà à l’époque le cas du capitaine DREYFUS avait divisé la France
que dans l’affaire SEZNEC la commission de révision n’a pas été tout à fait franche
que Richard ROMAN et Jacques VIGUIER avaient fort heureusement Me Henri LECLERC pour leur défense
qu’Omar RADAD n’a été que partiellement gracié par la présidence
que pour Patrick DILS c’est encore pire il a fallu pas moins de 3 procès pour faire admettre son innocence
quant à Christian RANUCCI, lui, il n’aura jamais cette chance!
Vous comprendrez à travers tous ces exemples qu’il est important de redonner un sens à la présomption d’innocence
alors changeons les réflexes judiciaires au lieu de privilégier la constance
afin que garde espoir l’ensemble des avocats de permanence
présumons innocentes toutes les personnes inscrites sur les rôles d’audience
afin de chasser le spectre de l’erreur judiciaire de l’esprit des grands ténors de la défense
il en va, Mesdames, Messieurs, de l’honneur de la justice de ce beau pays que l’on appelle la France
patrie de Montesquieu,Voltaire,Emile Zola, Dupond-Moretti, Jean-Denis Bredin et Anatole France.
Si certains d’entre vous ont pu être choqués par quelques uns de mes propos, sachez qu’un parquetier célèbre, Eric de Montgolfier a écrit un livre qui s’intitule le devoir de déplaire, alors soyez assurés Mesdames,Messieurs, qu’à la place du parquet qui est inhabituellement la mienne ce soir, je n’ai fait que mon devoir.
Me Stéphane DIBOUNDJE
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Un théologien du nom de OUAKNINE a écrit un jour que la seule chose que l’on pouvait vraiment dire sur dieu ce n’était rien et il s’est empressé de rajouter qu’il fallait ne rien dire, mais le dire bien!
Naturellement, si je suis les prescriptions de ce théologien, il y a peu de chance que je figure en bonne place dans la 1ere édition de ce que d’aucuns appellent la conférence du jeune barreau.
Alors je vais tout de même vous livrer mon sentiment sur le sujet en évitant le blasphème et tous les poncifs qu’on a pu vous raconter sur la Bible, la Torah ou le Coran.
Dieu a t’il besoin d’un défenseur?
Avant de répondre à cette question, il va falloir que l’on se mette d’accord sur l’acception qu’il convient de donner au terme Dieu et à l’expression défenseur.
Le terme Dieu tout d’abord: s’agit il de cet être tout puissant, omniscient et omnipotent que personne n’a jamais vu et qui par voie de conséquence quoi qu’il puisse faire ne pourra jamais être identifié?
Parce que si c’est de ce dieu là dont il s’agit, quand je vois toutes les actions terroristes menées en son nom à travers le monde je me dis que dieu est sur un plan juridique l’instigateur de nombreuses exactions dont un jour il devra répondre et pour lesquelles il aura assurément besoin d’un défenseur!
En préparant ce sujet j’ai pensé à un autre dieu, un dieu comique qui s’appelle dieudonné et je me suis dit à un moment donné ce dieu, à force de proférer des propos antisémites à chacune de ses apparitions publiques, aura lui aussi bien besoin d’un défenseur.
L’ancien sportif que je suis ne pouvait raisonnablement envisager de traiter le sujet sans évoquer les dieux du stade.
En France s’il est une discipline reine c’est bien celle du football et personne ne contestera dans cette salle que le dieu du foot c’est Zinédine ZIDANE.
Et bien voyez vous, même le dieu ZIDANE, chantre de la roulette et des contrôles orientés, pour se faire expulser de la finale de la coupe du monde 2006, il a bien eu besoin d’un défenseur non? Je crois même qu’il s’appelait MATERAZZI.
Vous voyez bien que l’on traite le sujet avec sérieux ou avec humour on doit répondre positivement à la question posée.
Pour ceux qui ne seraient pas encore totalement convaincu je voudrais vous dire que Fabrice burgaud, dieu des juges d’instruction, maître d’oeuvre de la plus grande erreur judiciaire de ce nouveau siècle,lorsqu’il a du raconter ses exploits devant le CSM il a, en la personne de notre confrère parisien Me MAISONNEUVE,bien eu besoin d’un défenseur non?
Les partisans d’une réponse négative vous diront que l’on évoque souvent l’expression se faire l’avocat du Diable, mais qu’ils n’ont jamais entendu jusqu’à lors l’antithèse d’une telle formule qui consisterait à se faire l’avocat de Dieu.
A ces partisans du non j’offrirai les lectures d’un peintre ecrivain francis picabia qui considère que le pape se fait l’avocat de dieu.
Certains d’entre vous auront peut être remarqué qu’avec la déformation professionnelle qui est la mienne, j’ai d’emblée envisagé le défenseur comme étant une personne qui assure la défense d’une partie en cause, c’est à dire un avocat.
Mais le défenseur peut tout simplement se concevoir comme étant celui qui défend un idéal ou soutient une cause un peu comme un témoin de Jéovah qui dans ce cadre là peut être considéré non pas comme un témoin mais plutôt comme un véritable défenseur de dieu.
Enfin le défenseur peut se définir comme une personne qui protège contre une attaque et je ne vous cache pas que c’est avec cette définition du défenseur que le doute m’a animé quant à une réponse positive au sujet: dieu a t’il besoin d’un défenseur?
En effet si l’on se pose encore aujourd’hui la question de savoir si dieu a besoin d’un défenseur c’est sans doute parce que dans l’histoire ceux qui se sont érigés en défenseur de Dieu auraient pour certains parfois mieux fait de s’abstenir!
Ainsi lorsque dieu a été attaqué par de prétendus versets sataniques, il s’est trouvé un Ayatollah qui pour défendre son dieu n’a rien trouvé de mieux que de jeter une fatwa sur un écrivain qui somme toute, ne faisait qu’user de sa liberté d’expression.
Plus récemment le Pape que d’aucuns considèrent comme l’avocat de dieu n’a pas hésité, tout en soutenant la cause de dieu, a réintégré dans l’église des évêques négationnistes.
Alors évidemment avec des défenseurs comme l’Ayatollah KHOMENY et le Pape Benoît 16, la nécessité pour dieu d’être défendu apparaît, je vous le concède moins évidente parce qu’on s’éloigne nettement de l’archange Saint Michel défenseur de dieu et de ses affaires après le rejet du plan de Dieu par Lucifer,
Compte tenu de mes origines africaines je m’en voudrai de ne pas évoquer un être tout puissant, omnipotent et omniscient de l’Afrique inhumé ce jour à Franceville dans sa ville natale.
Le Dieu Omar BONGO est mort mais lorsqu’il s’agira d’établir l’inventaire de ses 40 ans de régime, il aura besoin soyez en sur, face à ses détracteurs, d’un défenseur pour soutenir sa cause.
Je conclurai en vous disant que Dieu a besoin d’un défenseur mais j’invite dieu à faire bien attention à celui qu’il choisira.
En effet à l’ouverture du procès de Dieu, il est illusoire de penser que celui-ci comparaîtra en personne il aura donc besoin d’un très bon défenseur pour le représenter.
Imaginer dès lors que pour sa défense Dieu choisisse un défenseur lillois,champion de france de l’acquittement du nom d’Eric DUPOND MORETTI ou que comme Raymond DOMENECH il s’entête à prendre un défenseur barcelonais du nom d’Eric ABIDAL, je vous garantie qu’en fonction du défenseur retenu le résultat de la défense de dieu ne sera pas le même.
Voilà j’arrête là cet exercice de réthorique, parce qu’à l’instar du philosophe Jules LAGNEAU je pense que quand on se met à parler de Dieu, ce n’est déjà plus de Dieu que l’on parle.
J’ai en tout cas traité le sujet comme je l’entendais car j’ai la faiblesse de penser que quelle que soit la position que l’on soutient rien ne doit altérer la liberté de ton d’un défenseur.
avec le degré d’insolence que je m’autorise, et apres avoir soigneusement pris soin de verifier qu’aucun magistrat ne composait le jury, je rappellerai que cette liberté de ton du defenseur est, dans l’exercice quotidien de notre profession, parfois bafoué par certains magistrats qui se prennent pour dieu, mais c’est autre sujet sur lequel je laisse à votre sagacité le soin de méditer.
Me Stéphane DIBOUNDJE