Un policier antillais, en civil, menotté par trois policiers en service à Creil, en 2009, avait déposé plainte. Un juge d’instruction de Senlis a repris l’affaire en main.

L’affaire, qui date du 26 janvier 2009, était restée en sommeil. Un juge d’instruction de Senlis l’a reprise en main. Si bien que l’enquête s’accélère, sans que l’on sache, pour l’heure, si elle débouchera sur des poursuites judiciaires.

Ce matin-là, à Creil, un policier en civil d’origine antillaise, part prendre son service à Paris. Des policiers procèdent à des contrôles d’identité, devant la gare. Selon lui, les fonctionnaires ne contrôlent que les Noirs et les Maghrébins. G.S., la cinquantaine, se fait à son tour contrôler. Il en demande la raison, insiste. « Critères d’extranéité (Ndlr : relatif à qui est étranger) », lui aurait-on répondu. Le ton monte, l’homme est menotté. Ce n’est qu’après que les trois policiers de la police aux frontières ont su que G.S était lui aussi policier.

Les confrontations ont duré plus de 8 heures

G.S alerte sa hiérarchie, qui ne fait rien. Il porte plainte après de l’inspection générale des services en février 2009, sans plus de succès. Finalement, il dépose plainte auprès du procureur de la République de Senlis en mai 2011. Ce dernier ouvre une information judiciaire, le dossier est confié à un juge d’instruction. Le Parquet avait requis un non-lieu en septembre, mais les avocats de la partie civile, dont Alex Ursulet (rendu célèbre pour avoir défendu Guy Georges), n’entendent pas en rester là. Il y a eu appel.

Le 20 février dernier, des confrontations sont organisées dans le bureau du juge d’instruction… Elles vont durer plus de 8 heures. G.S. entend appuyer ses accusations en faisant témoigner des agents de la SNCF, présents au moment des faits. Les trois policiers sont sortis du bureau sous le statut de témoins assistés.

Les parties civiles, elles, veulent leurs mises en examen. C’est ce qu’elles ont défendu vendredi matin, devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Amiens, en plus d’une expertise psychiatrique et psychologique des fonctionnaires, ainsi que l’audition d’un policier gradé qui avait ordonné qu’on ôte les menottes à G.S. La décision sera rendue le 30 juillet.

Les policiers se défendent depuis le début de tout contrôle au faciès. M e Pascal Bibard, qui défend l’un des policiers avec M e Stéphane Diboundje, l’assure : « Ce contrôle était parfaitement régulier ».
GAUTIER LECARDONNEL

Source Le Courrier Picard