Très contestée pour sa gestion, l’association pour l’habitat a dû demander au tribunal une procédure de sauvegarde. La crise du secteur seule en cause ?
Le Centre départemental de l’habitat (CDH) à la rue ? Le 7 avril, le tribunal de grande instance de Beauvais a ouvert une procédure de sauvegarde pour cette association. Sauf redressement des comptes, ce sera la cessation de paiement. L’information, qui n’a rien d’infamante, passerait presque inaperçue, si le CDH n’était pas sur d’autres sables mouvants. Quelques mois après que le Courrier picard a raconté la situation (21 novembre 2014), l’association a fait l’objet d’une information judiciaire, ouverte par le parquet de Beauvais, après la plainte contre X d’un ex-cadre pour abus de confiance.
Une procédure qui fragilise le directeur, Laurent Lefèvre (maire de Rainvillers), dont certains salariés dénoncent le train de vie. À ce stade, le directeur reste innocent. Mais l’assemblée générale du 12 juin pourrait être agitée.
Le CDH tient ses bureaux dans une grande demeure bourgeoise, à l’arrière de la gare de Beauvais. Une bâtisse estimée par les Domaines 450 000 euros, dont il aimerait bien se séparer pour améliorer la trésorerie. Mais au prix demandé (570 000 euros), les acquéreurs ne se bousculent pas.
Il y a pourtant urgence. En 2014, les plus fidèles soutiens du CDH (ex-Centre d’amélioration de l’habitat qui a discrètement changé de nom) ont jeté l’éponge… À commencer par les deux piliers du secteur, la fédération nationale des PACT (Propagande et action contre les taudis) et la fédération nationale Habitat & Développement. Selon un document retrouvé par le Courrier picard, les deux fédérations (elles ont fusionné le 20 mai 2015) souhaitaient « retrouver un partenaire alliant l’engagement au service des personnes vulnérables avec le professionnalisme et la rigueur de gestion. »
Le conseil général et la CARSAT (la caisse des retraites dont des subventions transitant par le compte de l’association n’avaient pas été reversées aux particuliers) ont également pris leur distance.
Le président soutient son directeur
Claude Maillard, président (maire de Villers-Saint-Barthélemy), rejette les accusations visant son directeur. « Des hallucinations », tranche-t-il. Selon lui, les vraies difficultés sont la conséquence de deux années électorales (municipales 2014, départementales 2015) qui auraient conduit les collectivités à geler leurs opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH).
« Nous sommes passés de 12 OPAH en 2012 (NDLR, année où l’association était en déficit de 200 000 euros) à 3 en 2015 », explique-t-il. Plus globalement, le président souligne la « raréfaction » de l’argent public. « Nous ne sommes pas seuls dans la charette », affirme-t-il, estimant que d’autres structures associatives et privées du secteur souffrent du même manque de commandes.
Le directeur ajoute que l’association est « en attente d’un règlement de la CAF de 70 000 euros. » Selon lui, le centre avait terminé 2014 avec un bénéfice de 5000 euros, insuffisant pour aborder 2015 dans de bonnes conditions ; de nouveaux contacts seraient pris avec le Département.
L’actuelle déléguée du personnel est aux abonnés absents ! Pas son ancienne suppléante, qui a changé d’employeur. Pour elle, les responsables de l’association « mènent en bateau » les salariés ; « les problèmes sont ailleurs, chez un directeur qui n’a jamais joué son rôle. »