Le 5 juillet 2012, à Languevoisin dans le sud-est de la Somme, Arnaud Gontier, 19 ans, est tué à sa fenêtre. Trois hommes sont jugés à partir de ce lundi.
Le 5 juillet 2012, à Languevoisin-Quiquery, commune de 200 habitants du canton de Nesle, un bruit sec, celui d’un pneu qui éclate, rompt la tranquillité de la soirée. Il est 22 h 30. Arnaud Gontier, 19 ans, qui regarde la télé dans sa chambre avec sa copine, pense aussitôt à ses précieuses motos de cross. Il se précipite à la fenêtre. Cette fois, une fusillade éclate. Six coups de feu sont tirés : cinq de pistolet d’alarme et un, mortel, de carabine 22 long rifle. La balle entre dans la joue gauche du jeune homme pour finir dans la boîte crânienne. Elle ne laisse aucune chance à un garçon unanimement décrit comme serviable et gentil.
L’enquête constate qu’un pneu de la voiture du frère d’Arnaud a été crevé, attirant la victime à la fenêtre. Cinq cartouches de 9 mm et un étui de calibre 22 percuté sont retrouvés au sol. On pense rapidement à la drogue. Arnaud était consommateur de cannabis et avait eu des problèmes avec les frères R., deux dealers de Noyon. Ces deux-là sont rapidement mis hors de cause grâce à la géolocalisation de leurs portables. En revanche, la rumeur publique désigne trois autres hommes, que les gendarmes décident de placer sur écoute. C’est fructueux : Hocine Boudjenane, 25 ans, de Morchain, explique à un proche que son arme est à l’origine de la mort d’Arnaud Gontier.
Malgré ses dénégations, malgré l’alibi fourni par sa mère, l’étau se resserre autour de Boudjenane, un jeune homme dont le casier compte quatre mentions liées aux stupéfiants et à l’alcool. Bien vite, on identifie les deux personnes qui l’ont accompagné le 5 juillet : Alexis Duhamel et Cédric Le Gall, de Ham. Ils sont tous trois placés en détention provisoire dont, à ce jour, seul Le Gall a été extrait.
Tué par erreur ?
Le reste sera une longue suite de témoignages contradictoires dont il ressort néanmoins qu’Arnaud Gontier a bien été victime d’une expédition punitive, qui en fait visait les frères R., connus pour finir leur « tournée » de vente de cannabis à Languevoisin. Autre certitude : Hocine Boudjenane a pressé la détente de la carabine. Mais il soutient qu’il ne savait pas qu’elle était chargée, ou qu’il pensait qu’elle allait tirer à blanc. Boudjenane voulait-il tuer, avait-il prémédité le meurtre, lequel des deux autres a tiré au pistolet à grenailles, qui a crevé le pneu, qui a fourni les armes puis qui les a détruites ?
Cinq jours ne seront pas de trop pour répondre à ces questions.
Source Le Courrier Picard