Hocine Boudjenane a reconnu, hier, qu’il savait que son arme était chargée quand il a fait feu sur Arnaud Gontier, le 5 juillet 2012 à Languevoisin.
La troisième journée du procès a commencé par une déclaration spontanée d’Hocine Boudjenane : « Oui, on avait parlé dès la veille d’avoir des munitions. Oui, je savais qu’il y avait deux balles dans le fusil. Duhamel me l’a dit dans la voiture et j’ai vérifié par moi-même ». Me Diboundje pour la partie civile résume : « Donc vous avez tiré volontairement, en sachant que votre arme était chargée, en direction d’une silhouette humaine ». « Oui, répond Boudjenane, mais je ne me considère pas comme un meurtrier. C’était un concours de circonstances. » N’empêche, il a bien semblé hier que le jeune homme renonçait à ferrailler contre l’accusation de meurtre pour mieux combattre celle de l’assassinat (le meurtre prémédité).
Pour le reste, le principal accusé persiste à accuser Alexis Duhamel d’avoir fourni les armes. Duhamel en rejette la responsabilité sur Boudjenane. Or une habitante de Ham, voisine à l’époque de Duhamel, est venue redire à la barre, hier, que le jour des faits, elle a vu vers 17 heures, Alexis sortir de l’immeuble avec un objet caché par un plaid bleu. Le vent a soulevé la couverture : « Et j’ai bien vu qu’il transportait un fusil. Je sais bien qu’une barre de muscu, ça n’a pas de crosse en bois ». Me Jean-Marie Camus souligne certes la fragilité de cette accusation. Ce qui est indéniable, c’est que depuis sa prison, Duhamel a tenté de faire pression sur ce témoin gênant.
Hier après-midi, la cour a enfin entendu les frères R., ces dealers menaçants à l’origine du drame d’après Boudjenane. Ce ne sont ni les démons qu’il décrit, ni les anges pour lesquels ils aimeraient tant se faire passer mais sur ce coup, au moins, ils sont innocents. Et comment contredire celui qui s’interroge : « Si Hocine voulait s’en prendre à nous, pourquoi est-il allé chez les Gontier ? Pourquoi pas chez nous ? Il savait où on habitait ! »
Le temps passe et la vérité de ce procès plein de mensonges se fait jour : Arnaud Gontier est une victime de la drogue. Oh, pas de ce cannabis qu’il consommait et traficotait mais des tristes sires que cette addiction l’a amené à fréquenter. Car « le shit ne se trouve pas encore chez les buralistes », constate le président Grévin.
Source Le Courrier Picard