Amiens : les Gilets jaunes de retour devant les juges, décision en novembre

Une petite dizaine de Gilets jaunes sont allés soutenir ce lundi après-midi deux de leurs camarades jugés en appel après une violente manifestation qui avait dégénéré en 2019 dans les rues d’Amiens. La décision a été mise en délibéré au 7 novembre.

Romain Ladent, à côté de Me Stéphane Diboundje, a maintenu sa version lors de l’audience : son cutter était à usage professionnel. «La seule personne qui a été interpellée ce jour-là est celle qui n’avait pas commis de dégradation contrairement aux blacks blocs», s’est étonné son avocat.
Romain Ladent, à côté de Me Stéphane Diboundje, a maintenu sa version lors de l’audience : son cutter était à usage professionnel. «La seule personne qui a été interpellée ce jour-là est celle qui n’avait pas commis de dégradation contrairement aux blacks blocs», s’est étonné son avocat.
Une vingtaine de Gilets Jaunes était allée soutenir leurs camarades lors des deux précédents procès.
Une vingtaine de Gilets Jaunes était allée soutenir leurs camarades lors des deux précédents procès. – (Photo d’archives)
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Par Térézinha DiasJournaliste au Courrier picardPublié: 5 Septembre 2022 à 11h58 

Leur combat ne s’est jamais vraiment arrêté sur les réseaux sociaux où ils réclament « l’amnistie » pour tous « leurs camarades » condamnés devant la justice depuis le début de leur mouvement. Ce lundi 5 septembre, une petite dizaine d’entre eux se sont retrouvés devant le palais de justice d’Amiens pour soutenir deux Gilets jaunes condamnés en 2020 en première instance après une manifestation qui avait dégénéré un an auparavant dans le quartier Saint-Pierre.

Des peines avec sursis

Ce jour-là, des policiers avaient été caillassés et du mobilier urbain dégradé par des casseurs et blacks blocs. Deux personnes ont été interpellées lors de ces débordements : l’Amiénois Romain Ladent, 46 ans, militant associatif, relaxé pour le refus du prélèvement ADN a été condamné à trois ans de prison avec sursis pour participation avec arme (un cutter) à ce rassemblement et pour ne pas avoir obtempéré après les ordres de dispersion, et Titouan Bisson, 26 ans, originaire de Seine-Saint-Denis, condamné, lui, à deux mois de prison avec sursis et à un stage de citoyenneté pour participation avec arme (un caillou) à ce rassemblement, outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et dissimulation volontaire du visage.

« Le cutter n’a pas été sorti du sac donc il ne peut être considéré comme une arme par destination »

Ce lundi après-midi, juste avant son nouveau procès en appel, Romain Ladent a regretté cette condamnation «  pour l’exemple qui a eu de lourdes conséquences sur ma vie  ». Il a maintenu sa version lors de l’audience : son cutter était à usage professionnel. «  Jamais je n’aurai pensé qu’il pouvait être considéré comme une arme  ». Pour son avocat, Me Stéphane Diboundje, c’est tout l’enjeu de ce nouveau procès : «  Un cutter peut être dangereux, c’est une certitude mais en droit, est-ce qu’il constitue une arme ? Non car à partir du moment où il n’a pas été sorti du sac et utilisé, il ne peut être considéré comme une arme par destination  », a justifié l’avocat qui s’est aussi étonné de voir que lors de cette manifestation, considérée comme la plus violente à Amiens dans le cadre du mouvement, «  la seule personne qui a été interpellée est celle qui n’avait pas commis de dégradation contrairement aux blacks blocs  ». Pour lui, ces éléments tout comme la question du délai entre les sommations et l’interpellation joueraient forcément en faveur de son client si un pourvoi en cassation devait être fait.

Des discours anti-police sur fond d’alcool

Titouan Bisson a lui aussi contesté la version des policiers ce lundi, expliquant qu’il continuait à participer régulièrement à des manifestations en région parisienne et que «  là-bas ça se passe bien !  ». De quoi agacer l’avocate de la partie civile Me Hélène Bertrandie qui a demandé la confirmation du jugement dans toutes ses dispositions : «  On parle d’une 45e manifestation des Gilets Jaunes qui avait été placée sous très haute surveillance de la police nationale. Ce jour-là, Amiens a littéralement été embastillée par des blacks blocs et des Gilets jaunes qui se sont rejoints au parc de la Hotoie pour faire des discours anti-police avec distribution d’alcool pour remonter des manifestants surexcités, qui sont ensuite allés dégrader Amiens.  » Un contexte rappelé également par l’avocate générale. Selon elle, le tribunal a assez d’éléments pour confirmer le jugement rendu en première instance. Les deux affaires ont été mises en délibéré au 7 novembre.

source : courrier picard : https://www.courrier-picard.fr/id339046/article/2022-09-05/amiens-les-gilets-jaunes-de-retour-devant-le-palais-de-justice