JUSTICE
Abbeville: les attouchements coupables du cardiologue
Un cardiologue abbevillois de 56 ans a été condamné ce jeudi pour des agressions sexuelles commises sur deux jeunes femmes, en juin 2018. Il avait poussé ses assiduités jusqu’à imposer une course-poursuite de vingt kilomètres à une victime.Réagir Mis en ligne le 18/11/2021 à 18:32
par Tony PoulainUne des deux agressions a eu lieu lors d’une soirée organisée dans le train de la Baie de Somme.
Le 19 juin 2018, Marc L. est la vedette de la soirée dans un restaurant de Chepy, dans le Vimeu. Ce cardiologue abbevillois de 56 ans est invité à animer une conférence par un laboratoire pharmaceutique dont Dorothée (prénom modifié) est la représentante. Un repas suit l’intervention du docteur. Il se permet quelques réflexions déplacées et une fois à table, à côté de la jeune femme, lui touche la jambe et le mollet. À 23 h 30, Dorothée quitte la dernière les lieux. Elle se rend compte que Marc l’attend sur le parking. « Bon, on y va ? » lui propose-t-il. Elle refuse et monte dans sa voiture. « Je me suis rendu compte qu’il me suivait. Il me faisait des appels de phare », tremble-t-elle encore à la barre, à l’audience de ce jeudi. « Une première fois il s’est arrêté et a fait de grands signes, mais j’ai pu l’éviter. Je pensais être tranquille mais il a repris la poursuite et à Blangy-sur-Bresle, il m’a coincée à un stop. Il m’a touchée. Il m’a embrassée avec la langue. C’est comme un viol dans ma bouche. J’en fais encore des cauchemars ».
« Un effet Metoo »
Huit jours plus tard, une banque organise une soirée pour ses clients « haut de gamme » dans le train-restaurant de la baie de Somme. Jolie conseillère clientèle, Béatrice est sidérée quand elle sent la main de son voisin remonter le long de sa cuisse jusqu’à son sexe. Elle croise les jambes, il continue à toucher sa cuisse. « J’étais sidérée. Je me suis réfugiée aux toilettes, j’ai vomi. Je suis rentrée chez moi en pleurant. J’en ai parlé à mon conjoint puis à ma hiérarchie mais je n’ai pas eu le courage de porter plainte, jusqu’à ce que je voie dans le Courrier picard qu’une autre femme avait subi pire encore… », explique Béatrice.
Réponse de Marc : « Il y a un effet Metoo, une tendance à exagérer des erreurs de comportement pour les transformer en délits, dans la perspective d’une solidarité féminine et d’obtenir des réparations pécuniaires ». C’est peu dire qu’il passe mal, ce praticien qui a pu être décrit comme « entreprenant », « homme à femmes », « narcissique », « imbu de sa personne », « colérique ».
En ce qui concerne Dorothée, il convient : « Je n’ai pas entendu les signaux stop ». Quant à Béatrice, « c’est quelque chose qui n’a pas eu lieu ». D’ailleurs, caresser la cuisse était « mécaniquement impossible dans des lieux aussi exigus ». La jeune femme ne se démonte pas. Sur les sièges blancs et gris de la salle d’audience, elle mime la scène avec précision : « Voilà, c’était très possible. »
« Objets de désir »
Me Stéphane Diboundje salue en Dorothée « une femme qui a eu le courage d’aller jusqu’au bout ». Me Guillaume Combes rappelle que quand la banque de Béatrice a clôturé pour « incivilité » le compte du cardiologue, il n’a rien nié mais a expliqué qu’il n’était « pas dans son état normal ».
« Elles n’ont été qu’objets de désir ; leur consentement n’avait pas d’importance », tonne la procureure Gatineau, qui requiert deux ans avec sursis et 10 000 euros d’amende. Me Messaouda Yahiaoui défend « un homme qui n’est pas le monstre que vous décrivez ».
Jugement : neuf mois avec sursis
Source courrier picard :https://premium.courrier-picard.fr/id251678/article/2021-11-18/abbeville-les-palpations-coupables-du-cardiologue