JUSTICE
À Camon, le sexagénaire relaxé 9 ans après les accusations d’agressions sexuelles sur une enfant
À l’issue d’une procédure laborieuse, un homme de 62 ans était jugé ce mardi, accusé par la fille d’une ancienne compagne. Le parquet a requis 4 ans de prison.Réagir Mis en ligne le 7/07/2020 à 20:01
Par Gautier LecardonnelLes juges du tribunal correctionnel d’Amiens ont relaxé le prévenu au bénéfice du doute.
L’affaire n’est pas des plus faciles à juger ce mardi au tribunal d’Amiens. L’homme de 62 ans est accusé d’agressions sexuelles commises sur une fille d’une ex-compagne lorsqu’elle avait 10 ou 11 ans. L’affaire est confuse, à cause de la procédure qui a été laborieuse, et de la personnalité de la plaignante et du mis en cause.
Les faits auraient eu lieu en 2009 à Camon. Ils ont été signalés en 2011 au procureur par la directrice de l’externat médico-éducatif qui s’occupait de l’adolescente après qu’elle s’est confiée à son assistante familiale, chez qui elle vivait la semaine. Il est question de caresses à caractère sexuel, sous la couette, quand l’enfant regardait la télévision dans le lit entre sa mère et son beau-père. Il faudra 3 ans pour qu’une information judiciaire soit ouverte, 4 ans de plus pour que le suspect soit mis en examen, et un total de presque 9 ans pour qu’il soit renvoyé en justice.
Les cinq auditions de l’adolescente, qui souffre de gros problèmes d’évolution, ont été très difficiles, et elle a évolué dans ses déclarations. Les accusations ne porteront pas uniquement sur des attouchements, mais aussi sur des viols. À la barre, le prévenu, sans casier judiciaire, s’exprime difficilement. Il maintient qu’il n’a rien à se reprocher.
« Impossible qu’elle se soit fait ça toute seule »
Me Stéphane Daquo, avocat de la mère de la plaignante, insiste sur l’examen gynécologique qui avait révélé un hymen déchiré compatible avec des pénétrations digitales. « Compte tenu de son âge et de son peu de connaissance en matière sexuelle, il est impossible qu’elle se soit fait ça tout seul ». L’avocate de l’enfant, Me Cécile Couvercelle, va dans le même sens : il faut que les juges aient bien conscience qu’elle avait 13 ans quand les faits ont été dénoncés, mais qu’elle avait un âge mental bien inférieur, impossible donc pour la plaignante d’inventer.
Pour le parquet, le dossier contient « tous les éléments pour entrer en voie de condamnation ». Il rappelle qu’un expert avait conclu que l’enfant n’était pas une affabulatrice, que les faits sont très graves : ils ont eu lieu chaque week-end passé par l’enfant chez sa mère. La substitut du procureur a fait ses calculs : il y en a eu 40. Elle requiert 4 ans de prison ferme.
« Si tout cela était si évident, pourquoi a-t-il fallu 10 ans pour traiter cette affaire ? », plaide Me Stéphane Diboundje pour le sexagénaire. Il met en exergue des accusations portant sur des pratiques sexuelles que des expertises médicales, au vu des constatations, ont jugées impossibles. Il plaide la relaxe, le doute devant profiter à son client. Il a été entendu, le prévenu est ressorti du palais comme il en est entré, libre.
source courrier picard : https://premium.courrier-picard.fr/id114104/article/2020-07-07/camon-le-sexagenaire-relaxe-9-ans-apres-les-accusations-dagressions-sexuelles?from_direct=true