JUSTICE
À Amiens, 12 dealers présumés avaient centralisé leur trafic au square des Quatre-Chênes, baptisé «la dalle»
À l’issue d’une minutieuse enquête, douze suspects sont renvoyés en justice pour un juteux trafic de drogue implanté dans le quartier Saint-Honoré-Jeanne-d’Arc.Réagir Mis en ligne le 31/05/2021 à 18:55
par Gautier LecardonnelLes revendeurs tenaient le square des Quatre-Chênes, surnommé «la dalle» comme lieu de deal.
Vu le nombre de personnes impliquées dans le trafic, ils auront sans doute pensé que s’ils « tombaient » un jour, ce serait à cause de cela, et non pas parce qu’un autre réseau, étranger au leur, venait d’être démantelé. C’est ce qu’il s’est pourtant passé en cette fin 2016. Dans le cadre d’une enquête sur un trafic de drogue, un juge d’instruction a transmis des éléments au parquet selon lesquels un suspect hollandais était en contact téléphonique régulier avec un homme soupçonné de revendre de la marchandise à Amiens. Près de cinq ans plus tard, et après une enquête poussée des gendarmes de la section de recherches d’Amiens et du groupement d’intervention régional, douze Amiénois dont une femme, âgés de 21 à 34 ans, s’apprêtent à être jugés devant le tribunal correctionnel pour trafic et blanchiment pour trois d’entre eux, après que le juge d’instruction en charge du dossier a rendu son ordonnance.
Le trafic était bien organisé, avec une répartition des rôles bien définis. Son point névralgique se situait du côté de l’avenue du Général-Foy à Amiens. Les revendeurs avaient leur « spot » privilégié qu’il appelait la « dalle », à savoir le square des Quatre-Chênes. Leur point de chute était un squat de l’avenue, surnommé « Jacket » par leurs soins où, lors des perquisitions, les enquêteurs mettront la main sur un peu moins de 500 grammes de cannabis, ainsi que sur un pistolet automatique. La drogue était essentiellement de l’herbe et de la résine de cannabis, mais aussi de la cocaïne. Elle était stockée dans un autre lieu, qu’ils nommaient « le four », dans une maison amiénoise située dans le secteur. Mais c’est chez le cerveau présumé du trafic, un homme de 30 ans, que les enquêteurs trouveront 6 kilos d’herbe et 9 000 euros en espèces. Chez son frère, 27 ans, accusé de l’aider dans ses activités illégales, les gendarmes ont déniché un peu moins de 500 grammes de cannabis, mais surtout 42 750 euros et un fusil. La tête du trafic pouvait compter sur un lieutenant, 27 ans, pour que le business tourne à plein.
Des revendeurs de rue sous pression
Sept jours sur sept, de 10 heures à 1 heure, à domicile, sur rendez-vous ou en livraison. Entre octobre 2016 et janvier 2018, le trafic n’a pas connu la crise. Il s’appuyait sur des petites mains, des revendeurs de rue, qui, en échange, étaient nourris, recevaient leur consommation plus quelques dizaines d’euros chaque mois. L’enquête a établi qu’ils n’avaient pas le droit au faux pas : sur une écoute téléphonique, l’un d’eux avait reçu l’ordre d’en frapper un autre parce que ce dernier avait dragué une cliente… L’une des revendeuses, elle, a reçu des menaces, ainsi que des membres de sa famille, parce qu’elle avait décidé d’arrêter son activité illicite.
Le trafic est d’une ampleur conséquente. Sur une seule journée de 2017, et se basant sur « un relevé de vente », les enquêteurs avaient établi une rentrée d’argent de près de 3 000 euros. Et ils ont mis à jour un blanchiment : un investissement dans un kebab et des logements locatifs. Lors du procès à venir, l’ampleur du trafic sera sans nul doute débattue entre l’accusation et les avocats de la défense, Mes Combes, Fay, Diboundje, Louette, Abdellatif, Schuller, Pillon, Bibard et Gimeno. Tout au long de la procédure, c’est le minimum qui avait été reconnu par les suspects. Il est reproché à certains d’avoir continué à tremper dans le trafic alors qu’ils étaient emprisonnés dans le cadre de cette affaire.
Poursuivez votre lecture sur ce(s) sujet(s) :Trafic de drogue|Police et justice|Amiens (Somme)
source courrier picard:https://premium.courrier-picard.fr/id198194/article/2021-05-31/amiens-12-dealers-presumes-avaient-centralise-leur-trafic-au-square-des-quatre