Deux prévenus jugés vendredi par le tribunal correctionnel d’Amiens pour avoir mis le feu à des poubelles durant les affrontements du début de semaine dans les quartiers nord de la ville, ont été condamnés à respectivement 10 et 8 mois de prison avec sursis.
Six mois ferme requis
Le procureur adjoint avait requis 12 mois de prison, dont 6 ferme, et leur placement sous mandat de dépôt. Leur peine a été assortie d’une obligation de suivi psychologique et de chercher du travail, ainsi qu’une amende conjointe de 642 euros.
Le troisième prévenu, poursuivi pour avoir appelé les jeunes du quartier à la violence dimanche soir, a vu l’examen de son cas reporté au 12 septembre, à la suite de la demande de son avocat.
Casier judiciaire vierge
Âgés de 20 et 25 ans, les deux hommes condamnés vendredi sont sans emploi et reconnaissent avoir des capacités intellectuelles limitées. Ils avaient tous les deux un casier judiciaire vierge.
Ils avaient été interpellés dans la nuit de mercredi à jeudi en flagrant délit alors qu’ils tentaient de mettre le feu à une poubelle.
Agir sous le coup de la colère
Le plus âgé d’entre eux, qui est sous tutelle, a reconnu à l’audience avoir mis le feu à une poubelle lors de la nuit des émeutes à Amiens-Nord, qui avait fait 17 blessés parmi les policiers et des millions d’euros de dégâts matériels, expliquant avoir agi sous le coup de la « colère » après une déception sentimentale.
Le plus jeune a indiqué avoir simplement fait le guet pour son ami cette nuit-là, sans avoir participé aux incendies. Il s’était mis à sangloter au moment des réquisitions du procureur.
Emballement médiatique
Son avocat, Me Guillaume Demarcq, s’est déclaré « satisfait » du verdict. « Le tribunal est là pour rendre la justice, il n’est pas là pour faire régner la sécurité. La sécurité, c’est une autre notion, c’est la raison pour laquelle il y a un ministre de l’Intérieur », mais celui-ci « n’est pas procureur de la République », a-t-il déclaré.
Selon lui, les peines requises par le procureur n’avaient « rien à voir avec les peines requises habituellement pour des faits strictement identiques », mettant en cause l’« emballement médiatique ».
Le procureur adjoint, Eric Bossuge, avait quant à lui expliqué ses réquisitions par la « dangerosité pour la sécurité qui ne peut être écartée », reconnaissant toutefois que les deux prévenus n’avaient participé aux affrontements « qu’à la marge ».