JUSTICE
A Amiens, le grand-père incestueux échappe aux assises, pas à une condamnation
L’homme de 69 ans a bénéficié d’un non-lieu pour le viol de sa fille, qu’il a pourtant reconnu, mais il est condamné pour l’agression de ses petits-enfants.Réagir Mis en ligne le 1/10/2020 à 16:43
par Gautier LecardonnelLe grand-père a été jugé jeudi devant le tribunal d’Amiens.
Sa fille avait déposé plainte contre lui, pour avoir subi des viols et agressions sexuelles quand elle était enfant. Au cours de la procédure, il a reconnu (a minima) des attouchements, et une fellation. Donc, au moins un viol. Seulement, pour une raison inconnue, le juge d’instruction chargé de l’affaire a prononcé un non-lieu pour le viol. Quant aux agressions sexuelles, elles sont prescrites. Autrement dit, la justice ne se prononcera jamais sur ces agissements. Jeudi, devant le tribunal correctionnel, tant le président que les avocats des deux parties, s’étonnent de « cette orientation de la procédure ». « Avec ce non-lieu, nous ne sommes pas devant une cour d’assises, alors que les faits sont reconnus, que nous avons un homme avec une personnalité particulière, avec une position devant vous qui est d’un rare mépris ! », s’énerve Me Anne-Laure Pillon.
Le père a entendu son fils lui dire d’arrêter
L’homme de 69 ans est poursuivi pour des agressions sexuelles sur son petit-fils et sa petite-fille, en 2012 et 2013, quand ils avaient 7 et 8 ans. Le grand-père venait très régulièrement chez son fils, et les agressions avaient lieu dans le canapé, quand les enfants ne se trouvaient pas sous le regard de leurs parents. Leur père a réagi quand il a entendu son garçon donner l’ordre à son grand-père d’arrêter. Il a interrogé séparément ses enfants, qui ont fini par parler. Le sexagénaire, lui, s’est enfermé dans ses dénégations. C’était encore le cas lors de son procès jeudi. Il se décrit comme un grand-père qui adore jouer avec ses petits-enfants, leur faire des câlins et des chatouilles.
À ce stade, c’est donc parole contre parole. Sauf que la fille du Samarien s’est décidée à dénoncer les agressions qu’elle a subies après de longues années de silence, suite à cette procédure concernant son neveu et sa nièce. Et ces agressions anciennes, le Samarien les a reconnues. Dans son ordinateur, des photos pédopornographiques ont été retrouvées. Un expert l’a jugé « dangereux ». Cela fait beaucoup d’éléments à charge. Reste que son avocat, Me Stéphane Diboundje, plaide la relaxe : pourquoi aurait-il reconnu les faits les plus graves, avoir violé sa fille, et qu’il nierait ceux pour lesquels il risque moins en justice ? Pas suffisant pour convaincre les juges : 18 mois, dont 9 mois avec sursis, sous bracelet électronique, et inscription au fichier des délinquants sexuels.