La soirée du chauffard le conduit à la case prison. Le gendarme, lui, lutte toujours pour rester en vie au service réanimation de l’hôpital d’Amiens.

Jessy Dormy, 27 ans, revenait d’une soirée au volant de son monospace Renault Espace, samedi 2 mars, vers 23 heures. Il roulait sans permis de conduire, après que ce dernier a été annulé sur décision de justice, et il avait fumé du cannabis. Avec sa compagne à ses côtés, non titulaire du permis, et son enfant de 2 ans à l’arrière, il rentrait chez lui, à Ham (Somme), quand le drame s’est produit.

Sur la D.930, à hauteur de Hombleux, où la vitesse est limitée à 50 hm/h, les gendarmes de la communauté de brigades de Ham avaient mis en place un point de contrôle. Le conducteur de l’Espace a fauché un militaire se trouvant sur la chaussée, un maréchal des logis chef, âgé de 30 ans, père d’un enfant. Jessy Dormy ne s’est pas arrêté.

Il aurait tenté d’éviter le gendarme

L’automobiliste soutient qu’il n’a pas délibérément foncé sur le gendarme. Il aurait distingué une silhouette, puis donné un coup de volant pour l’éviter. En vain. « Mon client a paniqué après avoir percuté le gendarme. Il est évidemment dévasté par la tournure dramatique de son inconséquence et fera face à l’échéance judiciaire avec contrition », réagit son avocat, Me Stéphane Diboundje.

La compagne du suspect aurait confirmé les explications de Jessy Dormy lors de sa garde à vue (elle a été remise en liberté au cours de la journée de dimanche). Le suspect aurait indiqué vouloir se rendre aux autorités le lendemain matin des faits. Il n’en a pas eu le temps. Les enquêteurs, aidés par l’hélicoptère de la gendarmerie, l’ont interpellé le dimanche matin, à 7 heures, après avoir repéré son Renault Espace à Ham.

Déjà plusieurs fois condamné

À l’issue de sa garde à vue, Jessy Dormy, qui travaille dans un commerce de vente en gros de fruits et légumes à Ham, a été déféré devant le parquet, lundi 4 mars. Une information judiciaire a été ouverte. Le Samarien a été mis en examen pour conduite malgré annulation en récidive, récidive de conduite d un véhicule en ayant fait usage de stupéfiants, refus d’obtempérer à une sommation de s’arrêter, délit de fuite en récidive et violences avec armes sur personne dépositaire de l’autorité publique en récidive. Pour l’heure, rien ne permettrait donc de soupçonner le Hamois de tentative d’homicide sur le militaire.

Reste que Jessy Dormy est déjà bien connu de la justice. Il a été condamné plusieurs fois pour des délits routiers, mais aussi pour des faits de violences et de trafic de stupéfiants. Le juge des libertés et de la détention a décidé lundi soir de l’envoyer en prison. Le juge d’instruction chargé de l’affaire s’assurera de mener une enquête approfondie sur ce drame.

GAUTIER LECARDONNEL avec VINCENT FOUQUET