JUSTICE
Une plainte pour harcèlement à la Ville d’Amiens
Après le service nettoiement, dont un agent de la collectivité conteste une procédure disciplinaire de révocation menée par la Métropole amiénoise à son encontre, c’est maintenant au tour du service jeunesse de la Ville d’être au cœur d’une procédure judiciaire. Le 20 décembre dernier, un cadre du service en question, employé depuis 22 ans par la Métropole et connu dans le milieu associatif amiénois pour ses actions en faveur des jeunes, a en effet déposé une plainte au pénal pour des faits de harcèlement moral, qui se seraient répétés pendant deux ans, après la nomination d’une nouvelle directrice.
L’agent en question, qui a souhaité garder l’anonymat, est en arrêt maladie depuis un mois et demi. L’annonce de la suppression de son poste l’a poussé à écrire au maire d’Amiens Brigitte Fouré, par ailleurs vice-présidente de la Métropole amiénoise en charge des personnels, pour lui faire part de ses souffrances depuis sa mise à l’écart « sans aucune raison valable ».
« Vous aurez ma mort sur la conscience, Madame le maire »
« Depuis le changement d’encadrement, je subis des brimades répétées qui ont eu pour effet une dégradation manifeste de mes conditions de travail. Du jour au lendemain, je ne devais plus m’adresser ou faire des réunions avec les agents dont j’étais le référent, on m’a exclu des réunions de travail et retiré un certain nombre des missions qui m’étaient confiées. Depuis 22 ans, mes entretiens d’évaluation annuels font état en conclusion de la mention «satisfaisant» ou «très satisfaisant», et du jour au lendemain, je suis devenu incompétent », explique l’agent, qui dit être aujourd’hui suivi par un psychiatre. « Au-delà du fait que vous m’avez brisé professionnellement, vous allez me pousser immanquablement au suicide, puisque je ne suis pas loin de commettre l’irréparable. Vous aurez ma mort sur la conscience, si tant est que cela vous importe », a-t-il aussi écrit à Brigitte Fouré.
L’homme s’est adjoint les services d’un avocat, Me Stéphane Diboundje, qui a lui aussi écrit au maire d’Amiens « pour la mettre face à ses responsabilités en tant qu’employeur ». Son client a en effet réclamé la protection fonctionnelle : « Il n’a eu aucune réponse à ce sujet. Or, en matière de harcèlement moral, cette disposition fait partie des obligations de l’employeur qui, lorsqu’il a connaissance de faits de harcèlement moral, doit mettre en place des mesures visant à protéger son employé et à faire cesser ce harcèlement. Ce qui ne semble pas être pas le cas aujourd’hui », commente son avocat.
« Une plainte a été déposée au pénal contre le présumé harceleur et une enquête est en cours. Demain, en fonction de la réaction de la municipalité, il se peut que nous ayons à nous interroger sur le fait de savoir si d’autres responsabilités doivent être engagées », prévient Me Stéphane Diboundje, qui s’apprête aussi à saisir le tribunal administratif concernant la suppression du poste de son client. Sollicitée, la Ville n’a pas donné suite à notre demande.