JUSTICE

L’agent de maîtrise de la Ville d’Amiens crie au complot

L’Amiénois, ici avec son avocat Me Stéphane Diboundje, est suspendu de ses fonctions depuis le 28 avril.

L’Amiénois, ici avec son avocat Me Stéphane Diboundje, est suspendu de ses fonctions depuis le 28 avril

Je n’ai rien fait. Je veux reprendre mon travail  », clame l’Amiénois de 54 ans. En avril dernier, cet agent de maîtrise a été interpellé par la police puis mis en examen, soupçonné d’avoir extorqué de l’argent à des personnes vulnérables, employées de la Ville en contrat aidé, en leur faisant miroiter des promesses d’embauche. «  Tout est faux  », explique le quinquagénaire.

« J’ai été humilié, traité comme un gangster »

L’homme se dit «  traumatisé  » par les 12 jours de détention provisoire qu’il a purgés. Et il ne digère pas les conditions de son interpellation : «  C’était le 11 avril, vers midi. J’arrivais sur mon lieu de travail, rue Alfred-Catel. Les policiers me sont tombés dessus. J’étais par terre, menotté. Ils ont fait ça devant tous mes collègues. J’ai été humilié, traité comme un gangster, ce n’est pas normal !  »

L’Amiénois est responsable d’équipe du secteur centre, au service du nettoiement, depuis 2002. Il est titulaire depuis 2006. Six employés de la ville se sont plaints de ses agissements. Pour lui, toute cette affaire n’est qu’un complot, orchestré par un directeur de service de la Ville. Une des raisons du conflit serait une grosse dispute entre les deux hommes en avril 2017.

Aussi, pour lui, le directeur a tout fait pour l’écarter. Et il a mené une enquête à charge pour le faire tomber. C’est, selon l’Amiénois, le directeur qui s’est chargé d’encourager les plaignants à se léguer contre lui.

De quoi parle-t-on ? Selon la défense, voici les chefs de mise en examen. En 2008 ou 2009, un agent «  bien connu de la justice  » aurait vidé le livret A de sa femme pour fournir l’argent à l’Amiénois. Cette femme avait déposé plainte contre son son époux, lequel a été convoqué en justice. «  Et comme par hasard, aujourd’hui, il dit que c’est moi derrière tout ça !  », s’emporte l’agent de maîtrise. Deuxième plainte : un agent qui assure devoir lui verser « 60 euros par mois, plus 200 euros, soit un total de 3 500 euros  », sous la menace de le faire licencier : «  Il est titulaire, et je n’ai aucun pouvoir d’embauche ou de licenciement !  ». Le troisième plaignant dit avoir «  versé 800 euros en 2008  » pour pouvoir effectuer des heures supplémentaires. « Je ne vois pas l’intérêt !  », se défend l’agent de maîtrise. Pour les autres, il est question, selon la défense, de matériaux de travaux à se faire rembourser, ou encore d’un prêt d’une soixantaine d’euros.

La Ville ne souhaite pas réagir

«  Nous avons le sentiment que tout cela a peut-être été orchestré. Nous allons être très vigilants sur le développement de cette affaire », commente l’avocat de l’Amiénois, Me Stéphane Diboundje.

L’enquête est menée sous l’égide d’un juge d’instruction. La Ville d’Amiens, qui s’est constitué partie civile, ne souhaite pas commenter.

GAUTIER LECARDONNEL