La « petite leçon » qu’ils voulaient infliger à l’un de leurs camarades de foyer s’est muée en un terrible déchaînement de violences. Trois mineurs âgés de 13 à 17 ans ont été mis en examen, lundi à Amiens (Somme), pour tentative de meurtre et actes de torture et de barbarie à l’encontre d’un garçon de 13 ans. Celui-ci avait été découvert vendredi par des agents de la SNCF errant le long d’une voie ferrée de Longueau.
Le corps couvert de contusions, une partie des cheveux brûlés, avec un caleçon pour seul vêtement, il venait de passer vingt-quatre heures dans un wagon désaffecté où ses agresseurs l’avaient emmené. Un huis clos de près de deux heures durant lequel il a été roué de coups, enroulé dans un tapis, frappé à la tête, dénudé avant de voir ses vêtements incendiés et d’être laissé inconscient.
A l’origine de cet acharnement : une somme de… 10 €.
Transporté à l’hôpital, où dix jours d’ITT lui ont été délivrés, Paul* n’a pas voulu tout de suite dire qui l’avait brutalisé, relatait dès lundi « le Courrier picard ». » Il a d’abord parlé de deux adultes » rapporte Me Stéphane DIBOUNDJE, avocat du plus jeune des mis en examen. C’est au retour au foyer d’Amiens, où ces quatre mineurs résidaient, que l’un des agresseurs présumés a révélé les faits à un éducateur. Ce dernier a alerté la police. Le recoupement a ensuite été fait et le trio interpellé.
En garde à vue, les trois jeunes ont reconnu les faits, jusqu’à admettre avoir envisagé de tuer Paul.
« La question a été débattue entre eux, pour éviter la révélation des faits », indique le procureur de la République d’Amiens, Alexandre de Bosschère.
Deux ont été incarcérés et le plus jeune placé en centre éducatif fermé.
L’affaire aurait pour mobile un prêt de 10 € « consenti » par Paul à l’un de ses camarades pour acheter des cigarettes.
« Il se serait plaint à un oncle d’avoir été frappé pour les donner, ce que les trois autres contestent », indique Me DIBOUNDJE. Racket ou non le trio a si peu apprécié que Paul en ait parlé qu’il a décidé de l’emmener en bus jusqu’à Longueau, où son calvaire a débuté.
« Il y a une disproportion entre le motif et cet enchaînement de violences qui ne s’arrêtent pas, constate le procureur. Les expertises psychologiques et psychiatriques qui vont être ordonnées dans le cadre de l’instruction seront déterminantes pour comprendre ce qu’ils avaient en tête, comment est née l’alchimie de ce groupe, pourquoi leur violence a pris une telle ampleur. »
Placés en foyer au titre de la protection de l’enfance, ces trois adolescents au parcours cabossé n’avaient que peu ou pas d’antécédents judiciaires. Sans préjuger l’issue de l’instruction, où la question de l’intention d’homicide sera débattue, ils sont désormais passibles de la cour d’assises des mineurs ou du tribunal pour enfants statuant en matière criminelle.
PASCALE ÉGRÉ
source le Parisien
* Le prénom a été changé.
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