Longueau: trois ados poursuivis pour tentative de meurtre après avoir torturé un garçon de 13 ans
La victime a tout juste 13 ans. Ce sont des agents de la SNCF qui ont donné l’alerte, ce vendredi 19 avril. Juste avant 17 heures, ils ont trouvé l’adolescent errant sur les voies de chemin de fer à Longueau, près d’Amiens. Conscient mais choqué, il était simplement vêtu d’un caleçon. Il était en sang et portait d’importantes traces de contusions sur tout le corps. Il présentait notamment une fracture du nez. L’enfant est évacué à l’hôpital, son incapactié totale de travail (ITT) est de 10 jours. La police est avertie.
Et c’est une sombre affaire qui attend les fonctionnaires de la sûreté départementale du commissariat d’Amiens. Par la violence des faits d’un côté, et le jeune âge des protagonistes de l’autre. Paul (prénom changé), n’a pas voulu balancer malgré ce qu’il a subi. Dans un premier temps, il a raconté une histoire d’agression, sans dire qui avait fait cela. Il le savait pourtant très bien. Paul est hébergé dans un foyer éducatif amiénois. Ses trois agresseurs présumés y vivent avec lui.
Une somme de 10 euros à l’origine de la dispute
Tout serait parti d’un prêt d’argent. Montant : 10 euros. Paul aurait avancé cette somme à l’un des trois autres pour l’achat de tabac. Ne voyant pas le remboursement arriver, il se serait confié à un tiers, expliquant qu’on lui avait volé ses 10 euros. « Ces violences auraient eu lieu dans un contexte de rétorsions après une plainte pour racket », explique le procureur de la République, Alexandre de Bosschère. Cette « dénonciation » serait venue aux oreilles des trois autres. Ils l’ont très mal pris.
Jeudi, ils sont partis d’Amiens, emmenant la victime avec eux. Les quatre adolescents ont pris le bus en direction de Longueau. Une fois descendus, et après avoir marché un peu, le calvaire de Paul a commencé. Aux abords de la rue Pierre-Semard, qui longe les voies ferrées,il aurait été jeté d’un pont. Ses bourreaux l’ont ensuite emmené dans une voiture de train abandonnée.
À l’abri des regards, Paul a subi des atrocités pendant plusieurs heures. Il a été roué de coups de poing et de pied sur tout le corps, a été frappé avec différents objets. Ses bourreaux lui ont ôté ses vêtements qu’ils ont incendiés, avant de mettre le feu à ses cheveux… Les trois agresseurs auraient tenté de mettre le feu à la voiture en abandonnant la victime sur place. Ils ont finalement quitté les lieux en laissant Paul, inconscient, sur place. Ce n’est que le lendemain que ce dernier trouvera la force de sortir pour chercher du secours.
Ils auraient avoué vouloir le tuer
Selon nos informations, alors que les trois suspects étaient revenus au foyer, un encadrant les a questionnés sur l’absence de Paul. L’un des trois aurait alors avoué l’agression, et la police a été prévenue.
Les services de police ont interpellé les trois suspects samedi à 6 heures du matin. Ils sont âgés de 13, 16 et 17 ans. Lors des gardes à vue, ils auraient reconnu facilement les faits qui leur étaient reprochés. Pire, alors que les adolescents se voyaient dans un premier temps en voie d’être poursuivis pour violences aggravées avec actes de torture et de barbarie, leurs déclarations ont conduit les autorités à enquêter également sur une tentative de meurtre. Parce que les mis en cause auraient spontanément expliqué avoir voulu tuer Paul : vu son état après l’avoir frappé, cela aurait été la meilleure façon à leurs yeux de ne pas être identifiés par les policiers.
Le parquet d’Amiens a ouvert une information judiciaire. Les trois agresseurs présumés ont été mis en examen pour actes de torture et de barbarie et tentative de meurtre. « Ces mineurs sont peu connus de la justice et de la police », fait savoir le procureur de la République.
Deux des agresseurs ont été placés en détention provisoire. Le plus jeune a été laissé sous contrôle judiciaire. Me Stéphane Diboundje est son avocat : « C’est un jeune mineur sans repères, sans base éducative solide, et influençable. Il appartiendra à l’instruction de déterminer son implication exacte dans les faits qui lui sont reprochés », indique-t-il.