En dépit de ses dénégations, les jurés ont condamné Didier Diouy à treize ans de réclusion criminelle pour avoir enlevé, violé et séquestré son ex-compagne.
Rares sont les justiciables qui ne courbent pas la tête à l’heure des réquisitions. Didier Diouy a toujours regardé, droit dans les yeux, l’avocat de son ex-amie, celui de l’accusation, sans se départir de son « calme majestueux », selon son expression, empruntée à un enquêteur. N’était-il pas innocent ? C’est ce qu’il a martelé pendant quatre jours d’un procès aux échanges houleux entre les différentes parties.
Pas plus à Laon qu’à Beauvais ou à Amiens, il n’a convaincu ses interlocuteurs. Enfant gâté, il a passé sa vie à balayer d’un revers de main ses diverses incartades, sanctionnées par de lourdes peines.
Comment a-t-il pu donner le change pendant tant d’années, au sein de sa famille et parmi ses amis ? « Il me paraissait gentil ; il suscitait la sympathie. Je suis tombée sous le charme de belles paroles que je n’avais pas l’habitude d’entendre », dit sa victime.
Glacés d’horreur
Car Didier Diouy, en bon prédateur, savait choisir ses cibles. Il savait aussi donner le change à son entourage. En lui, Dr Jekill et Mister Hyde cohabitaient sans heurt ; il a même réussi à duper un expert qui a fait son mea culpa à la barre.
Certains témoignages, foudroyants, ont bouleversé les jurés. Celui de la victime dont la simplicité n’avait besoin d’aucun artifice pour les persuader de sa crédibilité. Celui du chef de poste du commissariat de Compiègne qui a reçu l’appel de détresse de la jeune femme, le vendredi 6 février 2004. « Pendant quinze longues minutes, nous avons été scotchés en entendant les cris et les hurlements. Tandis que la femme le suppliait, les propos de l’homme étaient sans détour. Il a confirmé qu’il avait l’intention de la tuer avec un ton très dur, par des réponses sèches. Nous avons craint le pire. »
Hier matin, Me Arnaud Miel a fait frissonner la petite assemblée (le procès se déroulait à huis clos restreint). Avec fougue, dans un style vitriolant, il s’est fait l’interprète d’une femme, humiliée, toujours terrorisée par la présence d’un homme laissé en liberté jusqu’à hier.
« Où sont les preuves ? »
« Mais, où sont les preuves ? » ont rétorqué Me Giuseppina Marras et Me Stéphane Diboundje. Dans ce genre d’affaire, c’est parole contre parole et la quasi-totalité des scellés a été détruite après le procès à Amiens. Dans le doute, faute de preuves matérielles, ils ont mis en cause la procédure et l’acharnement judiciaire dont leur client avait fait l’objet.
Considérant Didier Diouy comme « un homme dangereux », l’avocat général, Alain Périno, avait requis la confirmation des treize ans de réclusion criminelle. Il a été entendu.
FRANÇOISE.-J. CHÉRUY