L’avocate générale Isabelle Rathouis a requis ce vendredi midi contre David Lefèvre la peine maximale prévue par le code pénal : réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Cet après-midi, l’audience reprend avec la plaidoirie de l’avocat de la la défense, Me Arnaud Godreuil.
Lefèvre répond du meutre de Julien Guérin et de l’assassinat d’Alexandre Michaud, commis en janvier et septembre 2011, près d’Amiens. Avant Mme Rathouis, les avocats des parties civiles, qui représentent la famille des deux victimes, s’étaient exprimés. Voici quelques extraits de leurs plaidoiries.
Me Pascal Bibard (pour les parents de Julien Guérin) : « Ses parents ne pourront jamais se réconcilier avec lui… Ils ont été présents tout au long de l’enquête, ils ont même été son moteur. C’est grâce à eux que des investigations ont été menées, même si, en août 2011, il faut bien reconnaître que l’on allait vers une clôture, les experts allaient conclure à un simple accident. David Lefèvre est sociable, vous pouvez parler avec lui dans la rue. Il suffit d’une étincelle et il vous donne un coup et vous tue. Pour moi, c’est un tueur en série. Les études nous disent que les tueurs en série sont des hommes à 90 ou 95 %, de type caucasien, ayant vécu une enfance pathogène. C’est exactement son profil. Les tueurs en série ne s’arrêtent jamais, ils finissent morts ou en prison. C’est à vous de l’arrêter. »
Me Stéphane Diboundje (pour les parents de Julien Guérin) cite des noms de tueurs en série connus « insérés, polis et serviables. Moi, je ne veux pas être à nouveau sur le banc des parties civiles dans douze ou quinze ans. Il a eu l’intention de donner la mort à Julien Guérin, selon la juriprudence, car il a donné un coup violent, dans une zone vitale, la tête, avec un objet dangereux, un pied-de-biche. Ensuite, quand Julien s’est retrouvé dans l’eau, à 3 heures du matin, dans un chemin de Longueau, il était le seul à pouvoir le sauver. Il ne l’a pas fait parce qu’il ne le voulait pas. Il est dangereux parce qu’il est intelligent, il sait se fondre dans la masse ».
Me Sérène Medrano (pour la compagne de Julien Guérin) : « Au début de ce procès, nous avons connu la magie des assises, qui permet de comprendre un homme. Mais dès que David Lefèvre a parlé, il a cassé cette magie de l’empathie. Tous les éléments matériels contredisent ses mensonges. Alice, l’ancienne compagne, la mère du fils de Julien, est niée dans sa douleur. David Lefèvre met en avant le fait qu’elle a fumé du cannabis le lendemain de sa mort. Quel rapport avec la vie de deux hommes ! Il a joué avec elle. Il a tenté d’obtenir ses faveurs en échange d’informations sur Julien, qui n’était alors que disparu. Je pense aussi à Nelly, que David Lefèvre rabaisse. Elle était enfin tombée sur quelqu’un de bien, Alexandre, qui allait lui faire quitter la prostitution. »
Stéphane Daquo (pour les frères de Julien Guérin) : « Ce cirque, ça suffit ! David Lefèvre en prestidigitateur, en marionnettiste, les frères Guérin ne le supportent plus. Certes, c’est son procès et il en fait ce qu’il veut. Il prend un malin plaisir à instrumentaliser les victimes. Julien n’était pas parfait. Mais je me souviens qu’il était venu me voir au cabinet avec son petit garçon. Il n’avait pas de rendez-vous, pas de procès à préparer. Non, c’était juste pour me dire « je m’en sors, je m’occupe de mon fils ». Les frères Guérin avaient reconstruit une famille autour de leur frère aîné, pour retrouver la chaleur qu’ils n’avaient pas eu chez leurs parents. Ils étaient comme les cinq doigts de la main. Cette main est amputée à jamais ».
Paul-Henri Delarue (pour la famille d’Alexandre Michaud) : « Cette famille de l’Ain, à 700 km d’Amiens,a suivi cette affaire à distance. Leur seul lien, c’était le site internet du Courrier picard, par lequel ils ont appris que leur fils avait été retrouvé dans la Somme. De nombreux éléments prouvent la préméditation. Lefèvre a fait croire qu’il avait revendu son arme, il a confié à une amie qu’Alexandre « allait se faire buter ». Surtout, il a écrit au juge d’instruction : « Dès qu’Alexandre est sorti de l’hôpital, son sort était scellé ». Il l’a abattu comme une bête, après l’avoir frappé par derrière avec la crosse de son fusil. Il a formenté une stratégie d’élimination d’Alexandre. Le policier a parlé à son sujet de « génie criminel ». Il y a chez lui une froideur glaciale. Un sentiment de toute puissance, aussi. Il a pu retourner sur les lieux de la mort de Julien Guérin pour y tuer Alexandre parce que la première affaire allait être classée. C’est un assassinat sans mobile. David Lefèvre n’a fait preuve d’aucun sentiment d’humanité pendant ces trois jours. »
Source Le Courrier Picard