David Lefèvre, 33 ans, répond du meutre de Julien Guérin et de l’assassinat d’Alexandre Michaud, en janvier et septembre 2011. Verdict, vendredi soir.
Etrange procès que celui de David Lefèvre. Si ce grand gaillard au look de Zlatan est seul dans le box, il répond de deux crimes distincts, certes commis au même endroit, les bords de l’Avre à Longueau, mais à huit mois d’écart et dans des circonstances différentes.
Julien Guérin, resté un gamin paumé à 23 ans, est tombé le premier, en janvier 2011. Ils s’étaient connus en foyer de réinsertion. David Lefèvre était la dernière personne à l’avoir vu vivant, au retour d’un périple en Belgique.
L’enquête s’achève par un non-lieu
Les policiers ont cuisiné ce repris de justice mais n’ont pu le confondre. En septembre, l’enquête allait s’achever par un non-lieu, d’autant que l’expert légiste n’avait pas conclu à un homicide : « Nous n’avons pu que soulever des questions » .
Cet expert, M e Stéphane Diboundje, l’une des parties civiles, l’attendait avec impatience hier : « En fait tout va bien. On a deux morts sur le carreau mais tout va bien. Alors que sept mois après, sur dossier, un expert de Reims va formellement conclure à l’implication d’un tiers ».
Dès le mois de mars, il est vrai, un toxicologue avait indiqué que la victime n’avait pas péri noyée. On n’avait pas retrouvé assez de strontium – une substance présente dans l’eau du fleuve mais presque pas dans le sang humain – dans son corps.
Le D r Defouilloy se défend : « J’ai eu l’honnêteté de dire que je ne savais pas ». M e Diboundje, récitant scrupuleusement la leçon de rupture de son maître Dupont-Moretti, le ténor lillois, s’emporte : « Il faut combien de légistes ! Il va falloir combien de morts ? Je pose la question de votre compétence ! »
Le président Samuel Grévin intervient : « Je ne comprends pas trop où vous voulez en venir… » M e Diboundje rétorque , du tac au tac : « Vous, vous ne comprenez jamais ! »
Le président rosit, ça s’assortit à sa robe : « Il y a quand même des limites qu’il va bien falloir que vous appreniez. La courtoisie n’a jamais empêché la vérité. ça fait plusieurs fois que vous prenez à partie les légistes, hier (NDLR : mardi) c’étaient les enquêteurs. Vous avez un problème psychologique. Vous menez une croisade personnelle ».
L’avocat reprend : « Si dès le départ, on avait connu l’implication d’un tiers, il est quasi évident que Lefèvre, le dernier à avoir côtoyé Julien Guérin, pouvait être interpellé ». Sous-entendu : et un deuxième mort évité. M. Grévin a le dernier mot : « Alors il fallait engager la responsabilité civile des légistes ! Aujourd’hui, c’est stérile ».
Source Le Courrier Picard