Il a le profil d’un tueur en série mais ne donne pas d’explication aux meurtres de deux hommes, en janvier et septembre 2011 à l’ouest d’Amiens. Son procès débute aujourd’hui.
L’affaire Lefèvre, c’est l’histoire d’un assassinat qui permet d’élucider un meurtre. Le 10 septembre 2011, dans la rivière l’Avre, à Longueau, à l’ouest d’Amiens, on découvre le corps sans vie d’Alexandre Michaud, 25 ans, le crâne fracassé par un tir d’arme à feu. Les soupçons se portent d’abord sur Nelly, sa petite amie et Mickaël, l’ex-compagnon de cette dernière, voire sur des trafiquants de stupéfiants de la région lyonnaise, qu’Alexandre n’a quittée pour la Picardie qu’un mois plus tôt. C’est pourtant sur David Lefèvre que l’étau se resserre. Le dimanche 4, il a accompagné Alexandre aux urgences d’Amiens-Nord pour une blessure au poing. Ils en sont sortis à 1 h 40.
Les policiers font le lien avec une autre enquête au point mort. Le 14 février 2011, le corps de Julien Guérin, un Amiénois de 22 ans, a été retrouvé dans l’Avre, à Camon. Une reconstitution démontrera qu’il a pu être jeté dans l’eau au même endroit que celui où l’on a retrouvé Alexandre Michaud. Or Lefèvre connaissait Guérin, qu’il avait rencontré dans un foyer de réinsertion à Amiens. Il reconnaît même très vite avoir passé avec lui la dernière soirée où il a donné des preuves de vie : celle du 13 au 14 janvier. Dans un premier temps, les experts ont conclu à une mort naturelle par noyade. La suite va cruellement les démentir.
David Lefèvre est né en 1980 à Reims (Marne), dans une famille de six enfants. Il n’a plus de contact avec ses parents depuis ses 8 ans, quand il a été placé pour le protéger de la violence physique et sexuelle des adultes. En 2011, il compte déjà quatre condamnations au casier dont une, en 2002 devant la cour d’assises des mineurs, pour vol avec violence ayant entraîné la mort. David Lefèvre est placé en garde à vue le 13 décembre. Il finit par reconnaître avoir tué Alexandre Michaud. Il parle d’abord d’une altercation qui aurait mal tourné (il aurait dû vendre la carabine à Alexandre) mais finira, au fil de multiples revirements pendant l’instruction, par reconnaître la préméditation.
Multiples revirements
Quant à Julien Guérin, il nie plus farouchement avant, confondu par des constatations matérielles, d’admettre qu’il a frappé le jeune homme, avec qui il revenait de Belgique, d’un coup de pied de biche avant de l’abandonner dans l’eau.
Quand bien même Lefèvre passerait aveu dès ce matin, quatre jours ne seront pas de trop pour régler la question du mobile. Rivalité amoureuse, dispute vénale : ceux entrevus pendant l’enquête paraissent futiles. Et si le trentenaire aux trois morts sur la conscience était un tueur en série, qui n’a pas besoin d’une bonne raison pour passer à l’acte ?